03
MAR 13

A un instant du printemps

Quand elle était enfant, elle se souvient que, une, deux et plusieurs fois dans la nuit, sa maman venait sur la pointe des pieds jusqu'à la porte de sa chambre et puis, tout doucement, elle murmurait son prénom. Entre deux rêves.
- Le faisait-t-elle pour toi ou pour elle ?
- Je ne sais pas trop. Pour nous deux, je crois.
Et d'ailleurs elle fait ça encore aujourd'hui, quand elle retourne là-bas dans la maison de l'enfance.

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La voisine du bord de ciel a déposé son bouquet de mariée dans la gouttière.

*

Colin, quand il a atterri dans cette école-là, dès les premiers instants, dans la cour de récré, les couloirs et jusque dans la salle de classe, il a pris des baffes et des coups-bas.
La maman de Colin, elle est coach, là-bas, dans une grande usine pour que les femmes aient la peau plus douce et des lèvres de velours ; et elle aussi jadis elle se faisait baffer, taper, à l'école des bonnes sœurs.
Alors elle a aimé chercher, elle a aimé trouver un coach particulier pour Colin ; Salim, un urban coach pour apprendre à rendre les coups et se battre. Alors, dans les ruelles et les jardins d'enfant, dans les impasses et les squares de la grande ville, tous les soirs, Colin s'est entraîné avec Salim. Et aujourd'hui, Colin il est pote avec les blacks et les weshs.

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