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FéV 11

Fin d'hiver

Le manager minute. Pour en finir avec la femme. Le livre noir de la psychanalyse… Ce sont quelques uns des livres que j'aime déposer là, sur une chaise, dans cette laverie sur le chemin de l'atelier. Des livres oubliés dans mon grenier, offerts jadis par des confrères qui me voulaient du bien et que jamais je n'ai trouvé le goût de lire.
La merveille et l'obscur. Le goût des jardins. Donne-moi quelque chose qui ne meure pas… Ce sont des livres que,
le jour d'après, je découvre là sur la même chaise. Il y a entre les pages parfois cornées un parfum inconnu et sensuel.

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Mettez toutes les chances de votre côté ! C'est écrit en lettres capitales et à l'encre bleue au coin de l'enveloppe. Cette lettre, la seule dans son courrier du jour, l'invite à l'hôpital tout proche. Une invitation d'un instant pour dépister ce mal si cruel qui pourrait ronger le féminin en elle.
« De toute façon, dit-elle en souriant, j'ai de si petits seins. » Et, sans même l'ouvrir, elle jette la lettre à la poubelle.

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Enfant, au cœur du cœur de sa famille, elle a touché du doigt l'absurde et la violence. Alors, elle a aimé protéger celle qui lui a donné la vie ; et, patiemment, au fond de chacune de ses cellules, elle a créé un antidote précieux pour continuer de vivre.
Et, aujourd'hui, c'est aussi la violence qui agite le regard et les mots de celui qui la dirige. C'est comme une vibration de l'air qui éveille ses cellules. « Aurais-je toujours besoin, me demande-t-elle, de cette violence à l'entour pour me sentir en vie ? »

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