26
MAI 10

L'obscur et le doux en soi

Une taupe dans le jardin. C'était l'année dernière, à l'orée de l'été aussi. J'avais aimé la sortir d'entre les griffes du chat et lui éviter ainsi une mort cruelle. Plaisir inédit de la tenir un instant de grâce blottie au creux de mes mains. Mais, aujourd'hui, elle ou sa sœur jumelle a quitté les profondeurs de son labyrinthe secret. Elle est venue s'échouer à fleur d'herbe, au soleil.

Enfant, j'aimais observer cette femme en son jardin, devant les mamelons de terre tendre, fraîchement labourés. Immobile, une bêche à quatre dents dans ses mains, elle attendait l'animal au pelage de velours. En vain. Qu'est-ce qui la tenait ainsi debout, des heures durant ? Le désir du beau à la surface de toute chose ? L'envie d'anéantir l'obscur et le doux enfoui au cœur d'elle-même ?

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