06
FéV 10

Rencontre avec Olga Werber-Wood

Au fil des lignes échangées à travers les ondes, j'ai eu envie de sortir de ma tanière pour prendre le temps d'une rencontre. Une fois n'est pas coutume. Simplement pour le plaisir de la rencontre !
Peut-être parce qu'Olga vient d'univers qui me semblent étrangers : le théâtre, la danse…
Nos échanges m'ont aussi donné envie d'animer bientôt un atelier en duo : « Le coach, entre tête-à-tête et corps à corps ». (*)

Rencontre singulière et poétique avec Olga.


André : Tu viens de ce monde des arts où l'artiste est son seul instrument : le théâtre, la danse, le chant... Et tu as rejoint la tribu des coachs. Le coaching est-il pour toi une nouvelle manière d'accompagner les artistes ou bien un sésame pour initier les coachs au théâtre ? Les faire danser ou chanter ?

Olga : Ce que j'aime dans le coaching est la rencontre. Cet espace d'un instant parfois, où l'on se parle d'être à être, où l'écoute est si fine que l'on peut entendre le bruissement des feuilles qui tombent d'un arbre ou les vagues qui se lèvent du fond de l'océan. Je pense à cet océan de vie que chacun porte en soi, l'océan solitaire qui nous relie à tant d'autres terres. Oui, dans le théâtre aussi nous pouvons rencontrer ces instants, lorsque l'exaltation de la « performance » nous laisse en paix quelques secondes.
En coaching, l'acteur principal est le client et, en tant que coach, je suis tantôt le public, rarement le metteur en scène, parfois l'éclairagiste et souvent le script. Mais les instants que je préfère sont ceux où je n'ai pas de rôle. Où nous sommes simplement ensemble, dans le mouvement de la vie.
Ainsi pour moi, le choix entre « accompagner les artistes » ou « faire danser les coachs » ne se pose pas. J'accompagne simplement ceux qui viennent vers moi et qui ont l'envie de rechercher des sources créatrices et faire danser leur vie.

André : Lâcher l'exaltation de la performance, préférer l'absence de rôles, ne pas choisir l'une ou l'autre tribu, accompagner simplement ceux qui viennent vers toi... Tu dessines ici une terre d'accueil, comme un espace en creux ouvert au désir des autres. Comment cet espace nourrit-il ton propre désir ?

Olga : Je crois que le désir n'est pas mien ou tien, il est tout simplement… une force de vie qui s'exprime à travers nous. Certaines religions ou voies ésotériques parlent souvent du détachement ou du renoncement aux désirs. Il me semble que le détachement crée un espace où le désir peut s'épanouir et se transformer tandis que le renoncement me fait mal avec le « non » en plein milieu ; et le « ment » à la fin du mot ! Autant que je m'en souvienne, je n'ai renoncé à aucun de mes désirs. J'ai toujours trouvé un moyen de les transformer, sinon de les épanouir. Avec mes clients, j'aime travailler à l'épanouissement ou à la transformation de leurs désirs, souhaits et rêves. Cela nourrit mon plaisir de partage. Et me permet de me détacher davantage.
En fait, je n'ai pas l'impression que la terre que je dessine soit vraiment creuse… Il y a des montagnes et des mers. Des déserts aussi… J'essaie juste de me placer au bon endroit au moment juste et de changer de place, s'il y a besoin.

André : Des espaces au cœur de la montagne, de la mer ou des déserts... C'est comme une géographie de ton jardin intérieur. Ce jardin semble hors du temps des horloges et du fil de ton histoire. Comment ton roman personnel façonne-t-il ton regard sur la vie, sur tes désirs et tes rêves ?

Olga : C'est vrai, j'aime cette idée d'être à l'écart des horloges, dans l'instant vivant. J'aime quitter mes terres pour m'embarquer dans ces espaces inconnus de la relation. Ce que je connais de mon histoire est toujours présent à l'arrière-plan, un arrière-plan large et profond, ombragé et lumineux à la fois, avec des nuages lourds et d'autres illuminés derrière lesquels se cachent des personnages féeriques ou monstrueux, minotaures, licornes, géants et elfes. Parfois, certains d'entre eux se détachent du fond pour faire leur danse dans l'instant vivant et je les accueille, pas toujours avec plaisir. Mais je tente d'être avec ce qui est. Et de garder un espace minuscule de silence, dans un coin de mon âme.

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Il était une fois une clown qui voulait devenir fée. Elle chercha longtemps les formules et les pouvoirs sur les chemins sinueux de la Terre et dans les brouillards de l'Univers jusqu'au jour où elle découvrit que tout ce dont elle avait besoin était déjà là. Alors elle arrêta de chercher les formules magiques et, petit à petit, ses vrais pouvoirs se révélèrent. Depuis, à l'aide de son nez rouge, elle peut vous aider à trouver votre plume enchantée et écrire votre histoire de vie telle que vous la souhaitez.
Olga Werber-Wood a une formation de comédienne. Directrice d'un cours de théâtre, formée au chant, danse-contact et à la médiation artistique, elle est coach et accompagne les personnes et les groupes en transposant avec bonheur les techniques réservées à l'origine aux acteurs. Elle anime à l'AEC l'atelier Jeu et Sources Créatrices dans la relation d'accompagnement.

Ecrire à Olga Werber-Wood 

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(*) Nous animerons bientôt un atelier en duo : « Le coach, entre tête-à-tête et corps à corps ». Rendez-vous le mardi 16 mars après midi pour un 3ème atelier inédit, à l'écart des sentiers battus, sur le chemin des désirs et tabous du peuple coach !