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JUI 10

Traversée en solitaire

Je lui offre une tasse de café. Ses yeux sont posés sur moi. L'air du matin est tendre autour de nous. Elle hésite. A-t-elle oublié quelque chose ? Elle ouvre son cahier à spirales, relit ses notes à l'encre bleue. Puis elle énonce, une à une, comme un devoir, les situations qu'elle apporte aujourd'hui. Silence troublé.

Il semble lui manquer quelque chose. Sa gorge se noue. Elle nomme alors ce qu'elle voudrait éviter. Sa tristesse. Profonde, douloureuse. Et elle regrette que ça surgisse ici, sans crier gare.
« Ça surgit ici parce que c'est retenu ailleurs, peut-être. » Oui, mais elle ne voulait pas paraître vulnérable devant moi. La tristesse m'envahit aussi. Comme une morsure.
Elle la perçoit. Je la nomme. Elle s'en étonne. «
Barbara, c'est avec nos résonances, nos failles aussi, que nous accompagnons. Et il est vain je crois, et triste aussi, de vouloir traverser les abysses en solitaire. »

***