05
OCT 11

Un petit livre angélique

Un autre livre découvert avec bonheur sur le chemin de l'atelier. Un livre qui s'ouvre sous le souffle d'un ange et qui porte entre ses pages la douceur inouïe du murmure d'une femme à son enfant. Cette femme c'est Marie, simple jeune femme juive fiancée à Iosef…

"En ces jours de fin d'été, avant les noces, j'expose mon corps au soleil sur le toit au premier matin, sous prétexte de retourner les figues mises à sécher. Je découvre mon ventre pour que la lumière lui parvienne à travers moi. Je lui en parle : « C'est cette lumière qui t'attend au dehors. Elle ne sert pas seulement à voir loin, c'est aussi de la chaleur. Tu sens la vague qui nous recouvre tandis que nous sommes allongés ? Elle se nomme soleil. Mes yeux n'arrivent pas à le regarder, mais les tiens oui, protégés par l'eau de mon ventre. »" p. 38

 

D'autres extraits :

"Il sella l'ânesse avec un tissu doux, il me fit monter en me soulevant à bout de bras et en me posant sur le dos de la bête. Ce fut la première étreinte de nos noces. Nous la répétâmes à chaque arrêt, une étreinte pour descendre, une pour monter." p. 55

"J'aime l'usage de nos hommes qui pêchent un verset ancien pour s'expliquer au présent. Ils nouent le jour unique au tapis du temps." p. 59

"Dors, rêve que tu es encore là, que ta vie a encore mon adresse. En rêve, tu pourras toujours y retourner." p. 84

"Quel vide tu m'as laissé, quel espace inutile en moi doit apprendre à se refermer. Mon corps a perdu son centre, à partir de maintenant nous sommes deux détachés, qui peuvent s'embrasser et qui jamais ne redeviendront une seule personne." p. 85

Au nom de la mère, Erri De Luca, Folio, mars 2009

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