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FéV 13

Rencontre avec Amélie

Parce qu'elle aussi, elle aime bien croire que certains coachs sont tout à la fois blessés et artisans du lien, que le vulnérable et le talent se tissent ensemble, intimement ; parce qu'adulte déjà, elle était au pays des enfants (Walt Disney, Chupa Chups), comme si une part d'enfance avait manqué ; parce qu'elle aime le bord de ciel et les voyages en mer ; parce qu'elle a créé Pulp Coaching, une marque vraiment singulière qui me rappelle un film de Tarantino ; pour tout ça et par-delà, j'ai aimé inviter Amélie Davin à voyager ici un instant.

 

André : Un jour en bord de ciel, je t'ai entendu dire que tu aimes, que tu sais, renifler, dénicher à la source le talent de ceux que tu accompagnes. Et toi, de quelle source te vient ce talent-là ?

Amélie : Nous avons le métier de nos symptômes ! as-tu dit un jour. Cette affirmation m'a frappée, tellement elle fait sens pour moi, dans mon histoire ; et aussi dans ce que je vois, j'entends chez ceux que j'accompagne. Enfant, on s'est attaché à me convaincre que je ne valais rien de rien. Et puis entrée dans l'entreprise à 22 ans avec juste mon bac, j'ai très vite été identifiée comme HIPO, c’est-à-dire "Haut Potentiel" ; j'ai fait alors une carrière hors normes. J'ai ainsi expérimenté, pour moi-même, ce que c'est que d'être encouragée, accompagnée, développée. Je crois que mon expérience d'enfant fait que je regarde toujours l'autre comme un être merveilleux plein de talents, et c'est ça que je vois de lui. Et mon expérience d'adulte "HIPO" m'a démontré que tout devient possible si on prend la peine de travailler sur soi. L'émergence et la réalisation du talent ne sont pas une affaire d'éducation, d'études, d'intelligence ou de savoir, c'est une affaire de connaissance de soi et de savoir-être.

André : Ainsi ton talent c'est de croire à un autre avenir que ton passé, de le créer par-delà le « rien de rien » de l'enfance. Et pour ceux que tu accompagnes, dans cette connaissance de soi, dans cette recréation, le voyage en enfance est-il aussi un détour obligé ?

Amélie : Je n'en fais jamais un postulat de départ, je préfère laisser émerger ce qui est ; mais je constate la plupart du temps que mon coaché retrouve souvent, lors de son cheminement, cet enfant intérieur et ses blessures à l'âme que nous portons tous en nous. Cet enfant-là prend bien souvent le dessus sur l'adulte, dans l'expression de ses émotions, dans ses actions face au chaos quotidien qu'est la vie.
Découvrir, connaître, apprivoiser, apaiser cet enfant en soi, savoir quand c'est lui qui parle dans nos ressentis, c'est pouvoir choisir, selon la situation, de le laisser s'exprimer dans tout son talent d'enfant et de toujours, ou de donner la parole à l'adulte que l'on est aussi. Parce que dans la sphère professionnelle, c'est l'adulte que l'on nous demande d'être…

André : Alors, notre talent c'est notre talon d'Achille ! Est-ce facile à proposer, à tenir, auprès d'entreprises qui cherchent à réaliser le "haut potentiel" mais qui ne demandent pas le vulnérable ?

Amélie : Je préfère le voir comme un formidable terreau riche en ressources naturelles, inexploitées et à utiliser pour nous développer. Le potentiel c'est ce qui est en attente de se réaliser. Peu de personnes se réalisent seules, la plupart ont développé des croyances limitantes, des peurs, notamment dès l'enfance, dues à leur environnement familial, social, qui les empêchent de se réaliser complètement, d'oser puiser en eux pour trouver leurs ressources et leurs forces. L'entreprise a bien compris cela et fait de plus en plus appel à des coachs pour aider ses cadres à libérer leur potentiel, leur talent et leur permettre ainsi de passer de la simple performance à l'excellence. Elle fait confiance au coach pour accompagner le cheminement intérieur du coaché vers la libération de son soi. Cette libération passe par l'exposition à sa vulnérabilité, quelle qu'elle soit.

André : Il y a quelque chose d'élitiste à coacher les "HIPO" ; est-ce pour ça que tu dis parfois aussi ton envie d'accompagner ceux qui d'emblée ont une enfance cabossée, sans appellation contrôlée ni souci d'étiquette ?

Amélie : Ce qui me passionne c'est d'accompagner le potentiel, le talent, et c'est en chacun de nous dès notre naissance. HIPO, jeunes de milieux défavorisés, femmes paralysées par le machisme ambiant, ados en échec scolaire, entrepreneurs porteurs de projets, cadres supérieurs en questionnement, ils sont tous de merveilleux êtres qui à un moment de leur vie, ont besoin d'écoute, d'attention, d'encouragements, pour pouvoir simplement puiser en eux la richesse qu'ils n'ont souvent même pas conscience de posséder. Alors oui, je me fiche d'où les gens viennent, j'essaie de les accueillir, de les écouter avec compassion, bienveillance, dans la suspension du jugement, et de leur montrer combien tout est possible. Pour cela, je pratique aussi le coaching solidaire auprès de populations qui n'ont pas accès aux services d'un coach, et crois-moi, je m'enrichis intérieurement chaque jour à leur contact quel que soit leur profil.

André : Et ton mot de la fin ?

Amélie : Tout d'abord merci André de m'avoir donné la parole sur ton blog. Je finirai par cette citation d'un autre André que j'aime beaucoup : « Sache te redire sans cesse "Il ne tient qu'à moi" » André Gide

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Le site d'Amélie Davin : Pulp Coaching