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AOU 13

Je vais mieux

« - Intensité de la douleur : 7,5.
- État d'esprit : au bord du gouffre. »

La douleur intense ici, c'est juste en bas du dos du narrateur. Une douleur soudaine et qui fait comme des montagnes russes quand tout se déglingue à la quarantaine : pièges sournois et relations sadiques au bureau, anésthésie affective et naufrage du couple, crise comme jamais avec les parents
Examens médicaux, ostéopathe, magnétiseuse, amour tarifé ou séance chez le psy rien n'y fait. Bien au contraire.
Entre la douleur du corps et le mal-être, il y a comme une équation complexe.
Et c'est quand les résistances lâchent enfin que cette équation-là semble se résoudre. Une équation à une inconnue.

Un bon roman pour la plage, quand la marée est basse.

David FOENKINOS - Je vais mieux - Gallimard - Janvier 2013

Extraits :
Que devais-je penser ? J'avais envie de croire que mon mal était d'origine psychologique. Après tout, c'était une option très rassurante : on n'en mourait pas. Il n'y avait pas encore de tumeurs du complexe d'Œdipe ou de cancers du transfert amoureux. Selon la magnétiseuse, ma douleur pourrait persister tant que je ne comprendrais pas mon problème. Mon corps devenait une énigme que seul mon esprit pouvait résoudre. J'allais devoir enquêter dans les bas-fonds de mes pensées. p. 147

On m'a fait des radios, des prises de sang, des je-ne-sais-quoi remboursés par la mutuelle, mais il n'y avait rien de nouveau. Mon dos se faisait oublier et tout le reste aussi d'ailleurs : l'hôpital était un monde entre parenthèses, dont les moments majeurs demeuraient les repas. Je mangeais des bouillies en regardant des programmes idiots à la télévision, et pouvais admettre que je n'étais pas si mal que ça. p. 211

Je regardais à droite à gauche des détails de leur vie quotidienne, et tant de choses me touchaient. J'ai aimé ce petit calendrier sur le frigo avec une phrase pour chaque jour. J'ai lu celle d'aujourd'hui : « Tu n'as aucune chance. Saisis-la. » C'était une citation d'Arthur Schopenhauer. Il s'agissait d'un recueil des phrases les plus déprimantes qui soient. On y trouvait des aphorismees de Cioran et d'une multitude de pessimistes. [Il y avait aussi cette citation de Woody Alen : « La seule façon d'être heureux, c'est d'aimer souffrir. » Ou encore cette pépite joyeuse de Fitzgerald : « Toute vie est un processus de démolition. » ] J'ai adoré cette idée, tellement plus originale que toutes ces compilations de phrases très connes sur la vie. Rien ne fout davantage le bourdon que les pensées positives. p. 252

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