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JUI 16

Sur le fil du transfert

Si on en est là, maintenant, c'est avec votre besoin de tisser le fil, de ne pas couper court ! Oui, vous n'avez pas voulu changer de superviseur même si, le travail à peine engagé, le programme prévoyait de zapper. Alors moi j'ai bien aimé faire en sorte que ce soit possible ainsi. Parce que c'est essentiel d'accompagner sur un fil, sur un fil de séances, sur le fil de l'inconscient avec tout ce qui pulse et se manque, ce qui se désire et se répète. Et alors c'est avec ça que l'on va continuer cet après-midi, cette faculté originelle de faire des liens entre soi et l'autre, entre le passé et le présent, entre les frontières, entre tout et son contraire, etc. Oui, parce que nous sommes des êtres de lien, au-dedans de soi (notre représentation du "réel", notre imaginaire...) et au-dehors : nos relations, familiales, amoureuses, amicales, de travail. Et vouloir accompagner c'est vouloir faire du lien son métier. []

Deuxième séance de supervision, l'autre mardi, à l'université de Paris-Dauphine et c'est ainsi, sur le fil, que j'ai choisi d'accompagner. 

Executive Master Coaching & Accompagnement de la Transformation
des Organisations Publiques

Atelier de supervision 2 – Groupe A – Mardi 5 juillet 2016

Sur le fil du transfert – André de Châteauvieux

INTRODUCTION

C'est la 2ème séance. Et c'est de fil en fil. Tout à la fois pour votre groupe, pour chacun et pour un retour aux sources du métier.

  • De fil en fil,pour votre groupe. Oui, c'est avec votre désir de tisser qu'on en est là aujourd'hui. Ce désir qui a surgi lors de la première séance : ne pas couper le fil des séances en changeant de superviseur. Parce que c'est essentiel le fil de séances, ici comme dans vos accompagnements : c'est un fil qui en tient plein d'autres.
     
  • De fil en fil pour chacun aussi. Renouer avec cette faculté qui, dès l'origine, nous est donnée de tisser des liens : entre la mère et l'enfant, entre l'autre et soi, entre le passé et le présent, entre les frontières, entre tout et son contraire, etc. Nous sommes des êtres de lien, au-dedans de soi (notre perception du réel, notre imaginaire…) et au-dehors : nos relations, familiales, amoureuses, amicales, de travail… Et vouloir accompagner c'est vouloir faire du lien son métier. Alors c'est sur ce fil-là que nous allons tisser ensemble cet après-midi, notre faculté de tisser des liens, plus ou moins consciemment. Et puis observer tout ce qui empêche ça aussi.
     
  • Sur le fil d'un retour aux sources aussi : revenir à l'une des sources vives du métier d'accompagner la psychanalyse ; avec la part belle donnée à l'inconscient qui est toujours à l'œuvre y compris en coaching. Sur le fil des associations libres comme je l'ai proposé, posé, en première séance. Parce que c'est sur ce fil-là que se tisse le transfert. Cet élan plein d'affects ambivalents et qui se trame derrière ce qui se raconte, derrière les objectifs. Le transfert c'est ce qui se répète. Et la supervision c'est un lieu pour analyser ces jeux de transfert, son "contre-transfert", sortir de nos répétitions et gagner en souplesse ainsi.

OBJECTIFS

  • Retrouver notre propension naturelle, originelle, la faculté en soi de faire des liens : la libre association. Et, en même temps, prendre conscience de tout ce qui freine ou empêche ça : nos mécanismes de défense : censure, oubli, jugement, lapsus... qui sont plus ou moins inconscients aussi.
  • Prendre conscience des jeux de transfert en coaching et de l'importance alors d'un espace de travail pour mettre à jour son contre-transfert avec chaque client.
  • Vivre un mode de travail en groupe inspiré de la psychanalyse : naviguer au plus près avec ce qui se trame en coulisses dans le groupe. Les jeux de transfert multiples et croisés.

PRACTICUM #1 : D'où ça me vient de faire des liens ?

En duo (pour renouer avec le cadre de la séance 1)

· Quels liens ça vous évoque cette faculté de faire des liens ? Du plus loin qu'il vous souvienne, ça vient d'où ça, cette manière de faire des liens ?

Vous vous retrouvez deux par deux, là où vous êtes, comme vous êtes. L'un de vous accompagne mais en silence. Et l'autre est accompagné avec alors juste cette question du lien pour fil d'Ariane :

- Vous prenez un instant dans votre duo pour savoir qui accompagne et qui est accompagné.
- Vous ne changez pas de "rôle" (ce n'est pas un jeu de rôle).
- Ça dure 20 mn. Et on se retrouve juste après.

· Retour en groupe : laisser faire en mode « groupe-analyse ».

PAUSE

PRACTICUM #2 : Au fil du transfert / Supervision

Travail avec moi en mode supervision sur un cas en cours ou passé proche.

Associations libres toujours + Interprétations.

· Qui se sent particulièrement accroché par un client en ce moment et qui a envie de travailler ça alors ?

PRACTICUM #3- Groupe analyse :

L'analyse appliquée à un groupe. Laisser les liens se tisser au sein du groupe. Et décryptage avec 3 scénarios de base (W.R. BION) : idéalisation / couplage / casse (attaque-fuite).

FIN DE NOTRE VOYAGE

Bons voyages au fil de vos associations libres

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NOTES :

A propos de la libre association : Ce que Freud disait à ses patients :

« Votre récit doit différer, sur un point, d'une conversation ordinaire. Tandis que vous cherchez généralement, comme il se doit à ne pas perdre le fil de votre récit et à éliminer toutes les pensées, toutes les idées secondaires qui gêneraient votre exposé et qui vous feraient remonter au déluge, en analyse vous procédez autrement. Vous allez observer que, pendant votre récit, diverses idées vont surgir, des idées que vous voudriez bien rejeter parce qu'elles sont passées par le crible de votre critique. Vous serez alors tenté de vous dire : « ceci ou cela n'a rien à voir ici » ou bien : « telle chose n'a aucune importance » ou encore : « c'est insensé et il n'y a pas lieu d'en parler ». Ne cédez pas à cette critique et parlez malgré tout, même quand vous répugnez à le faire ou justement à cause de cela. Vous verrez et comprendrez plus tard pourquoi je vous impose cette règle, la seule d'ailleurs que vous deviez suivre. Donc, dites tout ce qui vous passe par l'esprit. Comportez-vous à la manière d'un voyageur qui assis près de la fenêtre de son compartiment, décrirait le paysage tel qu'il se déroule à une personne placée derrière lui. Enfin, n'oubliez jamais votre promesse d'être tout à fait franc, n'omettez rien de ce qui pour une raison quelconque, vous paraît désagréable à dire (…). »

 

Conférence de Colette SOLER. "Le réel est-il supportable ?" - France Culture – Les nouveaux chemins de la connaissance – Novembre 2012.

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Photo : Balançoire sous le noyer de l'Atelier des Jardiniers. J'ai mis cette photo-là parce que ça m'évoque le retour aux sources, enfin l'enfance.