Sur le trottoir d'en face, au pied du sapin, des baies rouges, joufflues. Tombées pendant la nuit, d'un coup de pluie, d'un coup de vent. Prendre le temps d'un détour pour marcher sur ce tapis pulpeux, sonore et éphémère.
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J'aime ce moment en séance où je me laisse envahir par sa crainte d'être envahie, influencer par sa peur d'influencer, plonger dans son angoisse d'échouer. « Voulez-vous expérimenter tout le contraire, ici ? » dis-je, une fois arrivé au cœur des abysses sans fond. Elle fronce les sourcils, semble retenir un élan puis lâche : « Oui, mais comment !? » C'est alors qu'elle peut commencer à goûter le plaisir d'envahir, la saveur d'influencer, la jubilation de créer à l'envi.
Dimanche matin les anges se glissaient entre les gouttes de brume. Quand elle est descendue de son sommeil, elle m'a raconté son rêve triste. « Il me fallait fuir le jardin. Mais pourquoi ?! » dit-elle, encore émue. J'ai posé un baiser dans sa nuque et je lui ai soufflé à l'oreille : « Prends le temps de te glisser, tour à tour, dans la peau du diable et des anges de ton rêve. »
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