J'ai partagé ici et là quelques mots sur Les essentiels de la systémique. Des mots clés pour initier une équipe de coachs en entreprise à cette théorie des systèmes vivants et du changement.
Une théorie vivante qui permet au coach d'utiliser tout ce qui est là, sous son nez, présent dans le champ, y compris lui-même !
Voici d'autres mots choisis dans ce patois.
Changement : Statu quo ou rupture
Le changement de type 1 se produit à l'intérieur d'un système qui reste le même : des mécanismes de rétroaction maintiennent le statu quo, protègent le système, le renforcent même et le ramènent à l'équilibre. C'est le célèbre "Plus ça change et plus c'est la même chose !" Par exemple, Alain est toxicomane ; il fait une cure dans une institution, puis revient dans sa famille où tout reprend comme avant.
Le changement de type 2 change les règles du système. Il passe par une "illumination" soudaine et par une nouvelle représentation de la réalité. Par exemple, Isabelle est toxicomane. Elle est soignée dans la même institution qu'Alain. Mais pendant sa cure, ses deux frères qui étaient fâchés avec leurs parents renouent des relations. Isabelle revient dans un système familial qui a changé en profondeur.
Autre exemple pour quelqu'un qui a l'habitude d'être en retard : l'exactitude n'est pas de "se dépêcher encore plus", mais peut-être d'imaginer une vie où le temps libre deviendrait un plaisir.
Contenu et relation : La relation tire les ficelles de l'échange
Chaque interaction associe un contenu (ce qui est dit) et une relation (comment c'est dit). Et c'est la relation qui "tire les ficelles" de l'échange.
Si le contenu du message est en accord avec la relation qui le sous-tend, la communication est dite congruente ou fonctionnelle. Sinon, il y a discordance.
Dans le domaine médical, le contenu c'est la maladie, le médicament ; et la relation les interactions entre le patient et son médecin. On peut inverser le regard : le médecin est aussi le médicament et c'est la relation qui soigne !
De même en coaching, le contenu c'est classiquement le problème, l'objectif et la relation les interactions entre le client et le coach. On peut aussi changer de regard : le coach est un "contenu", une ressource, une solution et aussi parfois "un problème", par exemple quand le coaching est prescrit et que le client n'a pas choisi son coach.
Méta-communiquer c'est faire de la relation un contenu : décoder avec le client les jeux relationnels, nommer les projections de l'un sur l'autre, et vice versa ; car le coach projette aussi sur son client !
Ressources : Il y a toujours des ressources "cachées" dans le système
Un courant de la systémique - l'Orientation Solutions, la Thérapie brève - part de l'idée qu'un système n'utilise qu'une toute petite partie de ses compétences : les ressources de chaque personne, les liens d'appartenance naturelle… Ce courant ne s'intéresse pas à "ce qui ne va pas" et à la "fonction positive" d'un problème ; cela renforce involontairement le problème. Il se centre sur les solutions en partant des intentions du client.
Le coach recherche ici les ressources, aide le client à en prendre conscience et découvre avec lui comment les mobiliser.
Pour trouver les ressources, il faut d'abord y penser :
• Les réussites antérieures, même partielles, les solutions spontanées ?
• Les exceptions qui infirment la règle, les contre-exemples : à quel moment le problème n'apparaît pas ?
• Les modes de résolution ou de sortie, même temporaire, du problème : Comment s'arrête-t-il plus tôt ? « Comment avez-vous réussi à tenir 20 minutes ? »
• Les moments où ça va mieux ou "moins mal" ? (sortir du tout ou rien).
Et aider le client à prendre conscience de ses ressources :
• Par des questions et non des affirmations.
• Faire décrire très concrètement les succès, les exceptions, les réussites.
• Banaliser, "universaliser", ce qui est de l'ordre des problématiques humaines, mais sans dévaloriser les difficultés qu'il crée : « Ce problème est fréquent, il est universel et pas facile à résoudre. »
• Aider le client à avoir une vision active de lui-même, à prendre conscience de son pouvoir, même partiel, sur la situation.
• Partager la responsabilité des résultats : le résultat dépend de multiples facteurs qui ne sont pas "sous contrôle" d'un acteur unique. On est totalement responsable de ce que l'on fait, mais partiellement responsable du résultat.
Il faut ensuite les encourager, aider le client à les développer :
• S'intéresser plus à ce qui a été fait qu'à ce qui reste à faire.
• Valoriser chaque progrès, même minime : utiliser la technique du « premier pas », les échelles de valeur (« sur une échelle de 1 à 10… ? »).
• Transformer les "échecs" en sources d'apprentissage.
• Ne pas minimiser les difficultés. Valoriser les intentions.
Bibliographie conseillée :
AUSLOOS Guy, La compétence des familles. Temps, chaos, processus. Érès 2001.
BALTA François, MULLER Jean-Louis, La systémique avec les mots de tous les jours, ESF, 2006.
BERG Insoo Kim, Dolan Yvonne, Récits de solutions, Edisem, 2002.
ELKAÏM Mony, Si tu m'aimes, ne m'aime pas, Editions du Seuil, 2001.
KOURILSKY BELLIARD Françoise, Du désir au plaisir de changer, Interéditions.
MALAREWICZ Jacques-Antoine, Systémique et entreprise, ESF, 2000.
NARDONE Giorgio, WATZLAWICK Paul, Stratégies de la Thérapie Brève, Seuil, 2000.
de SHAZER Steve, Clés et solutions, Satas 1991.
O'HANLON Bill, Orientation vers les solutions, Satas, 1995.
WATZLAWICK Paul, La réalité de la réalité : Confusion, désinformation, communication, Seuil, 1976.