Samedi matin, autour de Thierry Chavel, lancement du Master 2 Coaching à Paris II. Un diplôme qui délivre du besoin de diplôme en coaching ; une université qui invite à découvrir son université intérieure.
Avec un clin d'œil philosophique de Thierry, inspiré par Heidegger : "Pourquoi y a-t-il des coachs et non rien ?"
Avec aussi les mots de chaque intervenant sur son séminaire pour ce millésime 2011. Stéphane Broutin, spécialiste des addictions, me touche quand il parle des "états essentiels" : ces instants de confiance, de paix intérieure en présence de l'autre, que nos démons personnels redoutent et, en même temps, désirent
De mon côté, inspiré, chamboulé par ma lecture du moment – "Le Très-Bas" de Christian Bobin – j'aime évoquer comment j'animerai la "super"-vision en groupe de pairs : comme une école buissonnière du coaching. Et si dans l'imaginaire du coach, la supervision suppose une supériorité d'expérience, j'aime savoir que c'est dans le non savoir, l'inexpérience, l'inexploré, l'incertain, sur les chemins de traverse, que nous nous rencontrons, apprenons et créons ensemble !
Un extrait du livre de Bobin en partage :
« L'enfant qui dessine va droit à l'essentiel. Si la vie est empêchée, on ne met pas de porte à la maison. Si la vie est chantante, on multiplie les fenêtres, les fleurs et les soleils. Il en va de même des miniatures du Moyen Âge où la robe de la châtelaine est plus grande que son château, où l'œil d'un cheval rivalise avec l'ovale d'une lune. Ce n'est pas qu'il y ait une petite enfance de l'art, une misère infantile de la main. C'est que l'on suit alors une autre perspective que celle, indifférente, géomètre, de la raison. On suit la perspective du cœur qui dessine ce qui n'est pas, pour mieux voir ce qui est.
Un exemple : vous attendez quelqu'un. Vous attendez une amoureuse. Elle va venir. Elle l'a dit. Elle l'a promis. Elle arrivera par ce bout du chemin. Vous fixez l'horizon, vous regardez le paysage (qu'est-ce qu'elle fait, elle devrait déjà être là). Dans le paysage il y a des choses (forêt, maisons, route) de diverses tailles. Quand enfin elle arrive, toutes les proportions du paysage s'en trouvent bouleversées : cette silhouette menue, au bout du chemin, apparaît aussitôt plus grande que la forêt, les maisons ou la route. Celle qui, dans l'œil du géomètre, ne serait qu'une tache dans les lointains, devient dans l'œil de l'amoureux plus grande que l'univers. »
Le Très-Bas, Christian BOBIN, Folio, 1995.
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