Elle prend beaucoup de précautions pour ne pas dire ce qui l'amène aujourd'hui. Car elle a peur « d'abîmer notre relation ».
Un long silence, une inspire et enfin elle se lance. Enfin elle ose lâcher ce qui tout au fond d'elle, tout le jour, la déprime et la torture : sa haine de l'homme ! Son rejet du mâle, chasseur de proies, séducteur qui fait de la femme son objet, un objet prêt-à-consommer.
Bien sûr, elle se sait profondément complice de ce jeu-là. Un jeu qui lui fait du mal mais dont elle a un besoin irrépressible, compulsif, comme une drogue.
Et pour comprendre, pour sortir de cette ornière peut-être, elle me demande à moi qui travaille dans l'ici et maintenant, comment je m'y prendrais pour la séduire et la consommer, là, maintenant.
Alors et sans détours je nomme ce qui se mélange aussi au fond de moi : tout à la fois l'amour et la rage, le besoin et le manque du féminin originel, fantasmé. Mais c'est une autre histoire, ni d'ici ni de maintenant, mais d'ailleurs et d'autrefois. Histoire inachevée qui parfois vient rôder au présent.
Et c'est ainsi que, tout doucement, à pas de loup, elle est remontée jusqu'à ce temps jadis où la rage s'est déclarée.
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