08
JUI 15

Les yeux plus gros que le ventre

En coin ou de biais, par en dessous et de travers C'est ainsi que jusqu'alors j'aimais ajouter à mon regard plein de mots et de manières. Et je croyais que ce regard-là c'était pour veiller au grain, parer au pire, autour de moi et depuis toujours. Regard en coin ou de travers. 
Une manière de vivre aussi. Toujours en alerte, au fond. 

Mais sur le divan  enfin, juste avant de m'allonger  à l'instant où elle ouvre sa porte et quand elle se tient debout devant moi  enfin, moi devant elle plutôt  quand tout va à double sens alors, quand dans cet instant-là le temps se déplie soudain et puis vacille, je découvre que c'est tout le contraire aussi. Et de plus en plus.
Regard glouton. Les yeux à la place du ventre.
Je lui demande si je lui fais peur ainsi. Mais non, je ne crois pas, même si elle ne répond pas à ça.
Parce que ça vient de très loin ce besoin de regarder comme ça.
C'était, je crois, avant le risque de grain, bien avant la possibilité du pire.
Et c'est peut-être pour ça, je me dis, que je ne ferme pas les yeux  enfin, pas trop souvent.