08
JAN 16

Deux mille seize

JE T'AI LAISSÉ UN CADEAU DANS LE JARDIN

Elle m'a écrit ça parce qu'elle est partie et moi aussi j'étais parti.
Et c'est déjà un cadeau, je trouve, ces mots qu'elle a laissés pour cet instant où je reviens. Et ça me trouble quand je lis ça. Oui, son geste et ces mots me chamboulent parce que c'est la saison des vœux en ce moment, mais moi cette année c'est pas comme d'habitude, je n'arrive pas trop à souhaiter la Bonne Année. Parce que c'est de la pensée magique, je trouve. 

C'est comme si les gens avaient besoin qu'une fée se penche sur eux et leur jette un sort pour la vie (enfin, au moins pour l'année qui commence). Mais les fées ont disparu depuis longtemps, depuis l'enfance. Et surtout, c'est croire que ce qui est bon ou ce qui change vient du dehors ou des autres. Mais c'est d'abord dans l'en-dedans de soi que ça change, je me dis. Et c'est du boulot de changer, c'est pas une affaire de vœux ! 
Et puis il y a ceux qui balancent leur carte de voeux à travers les ondes, en masse à tous leurs contacts et avec plein de spiritualité dedans. C'est bizarre, je me dis, peut-être qu'ils viennent d'une famille nombreuse pour faire ça comme ça. (Bon, vu comment je monte dans les tours, là, ça doit encore venir de loin cette histoire-là pour moi).

Mais là, elle, en un instant et avec ses mots, elle me trouble. Et c'est un peu comme un vœu alors. 
Et elle a écrit une suite à ses lignes :

UN BAISER QUE J'AI POSÉ AU SOLEIL.

Je sens bien que c'est juste une image, une expérience poétique, cette histoire de baiser au jardin mais, là, je prends ses mots à la lettre. Et j'imagine alors un baiser qu'elle aurait posé tout à côté du figuier ou près des bambous, à l'abri du vent. Mais il est tellement grand le jardin, comment je vais le trouver son baiser ? Je regarde dehors, le soleil est déjà passé de l'autre côté de la colline et il va faire nuit.

J'ai attendu la nuit noire, ou plutôt cet instant où les étoiles éclairent le jardin et puis j'ai cherché son baiser. À la lumière des étoiles. 
Et, évidemment, je n'ai rien trouvé. Ni près du figuier ni ailleurs.

- Oui, évidemment ! Parce que c'est un arbre à baisers que j'ai planté, elle m'a dit le lendemain. Alors, attends un peu le printemps pour que ça pousse, elle a ajouté.

Et à vous qui aimez bien me lire, je vous souhaite une année pleine de baisers. 
Au jardin, souvent.