17
MAR 16

Un peu comme une glace sans tain

À la fac du coaching, à Paris 2, il y a un étudiant qui enregistre les séances de supervision. Oui, il me demande si je suis d'accord et il pose son magnéto entre deux chaises, enfin sur la chaise entre lui et moi. Et ça m'a un peu gêné la première fois.

Comme il est dans le monde du cinéma (il joue dans des films policiers mais pas que, je crois), je me suis dit ça va faire genre "moi aussi, je fais mon cinéma, là" ou peut-être tout le contraire : si je me sens sur écoute, je risque d'essayer de me contrôler et avec les associations libres, sans censure ni morale donc, ça va pas le faire.

Mais j'ai décidé de laisser faire pour voir ce que ça pouvait faire d'autre, à la fois la première fois et les fois d'après. Je fais ça parce qu'aujourd'hui je n'ai plus trop besoin de faire mon mariole ni le coincé je crois.

Et donc avec le magnéto, pendant chaque séance, c'est comme s'il y avait une glace sans tain. Pour moi c'est comme ça, mais pour les étudiants je sais pas du tout et peut-être que la prochaine fois je leur proposerai un temps pour analyser ça (parce que même s'ils font ça avec les autres profs c'est quand même pas une raison).

 

Donc, le magnéto pour moi c'est comme la glace sans tain en thérapie familiale et alors j'aime imaginer que, de l'autre côté du miroir, j'ai un copain ou une copine psy – comme avec Eva quand on accompagne en duo. Et alors je ne suis pas du tout coincé ni genre "je me regarde dans le miroir" ou je fais mon psy-show.

Non, je prends ça plutôt comme un garde-fou. Bien sûr, ça ne m'empêche pas du tout de buguer, de déraper, de monter dans les tours souvent, de laisser mon inconscient me jouer des tours (de toute façon, ça se mate pas l'inconscient). Mais avec le preneur de son à côté de moi, je ne vais pas trop dans le décor, je trouve.

Je pourrais m'imaginer dans un film policier plutôt qu'en thérapie familiale, parce que dans les salles d'interrogatoire il y a aussi une glace sans tain souvent et les coachs ils font aussi les profilers, ils ont plein d'outils de profiling je veux dire.

Mais non ! Moi, là, j'évoque la thérapie familiale, parce qu'un grand groupe (et aussi un petit) ça me rappelle ma famille nombreuse, quand j'étais petit et aujourd'hui encore, même si je suis grand. C'est super complexe donc un groupe parce qu'en plus, personne ne vient de la même famille (enfin a priori). L'année dernière, je me rappele qu'il y avait un étudiant qui faisait de la méditation en pleine conscience pendant toute la séance. C'était peut-être pour essayer de se protéger de son inconscient et du chaos dans lequel ça plonge parfois le groupe.

Et avec le magnéto pour moi c'est un peu aussi comme sur le divan : je peux faire tout le cinéma que je veux, mais il y a ma psy derrière qui m'invite à ne pas être dupe, enfin à analyser, à voir pourquoi le monde aujourd'hui c'est différent de ma famille.

Tout ça donc, c'est pendant les séances à la fac. Mais il y a aussi après chaque séance. Oui, dans la nuit qui suit, Franck – c'est le nom de l'étudiant qui fait du cinéma – , il me transfert le fichier audio par we-transfer (c'est comme un clin d'œil de psy cette appli-là). Et moi alors, le jour d'après ou plus tard, j'aime bien écouter la bande-son de la séance, c'est comme une auto-psy (Bon, ce jeu de mot c'est pas très fin et ça fait un peu film de flic, genre à la morgue).

Mais quand même, avec le fichier audio, je peux rembobiner le film, suivre le fil des associations libres avec le groupe, observer les pièges que je me tends à moi-même, les pierres blanches dans mon jardin d'avant sur lesquelles je trébuche aujourd'hui, les ornières où je tombe
Evidemment, il n'y a que le son et pas d'image et tout ça c'est dans l'après-coup. Mais c'est précieux parce que c'est complexe et sensible, exigeant et plein d'inconscient tout le travail en groupe.

Et là, en partage, mon topo et mon antisèche de vendredi dernier.
C'était la cinquième séance, sur le fil toujours, et après une longue coupure.

Et mon prochain billet, ce sera quelques bouts de la bande-sonde de ce soir-là. En bonus donc.


Master 2 - Séance 5 : 11 mars 2016

Supervision en groupe

Bilan d'incompétences

 

L'absence… C'était couru d'avance

Huit semaines se sont écoulées depuis la séance de janvier.
Une discontinuité du fil de nos séances mensuelles. C'était couru d'avance, enfin c'était au programme cette absence-là mais ça vient peut-être chatouiller ou réveiller quelque chose en soi au fond : le manque, la perte, l'abandon, l'envie…
Parce que le fil de séances, c'est ça qui tisse le lien, mine de rien. Et c'est un peu comme les vacances du psy.

A mi-parcours… Calmer, mater ou amplifier les angoisses

Et c'est pile poil à mi-parcours cette vacance, ce vide-là d'un instant.
Et il y a Thierry qui est venu là, ce soir, pour répondre à vos questions, ou les questionner, pour lever les doutes ou rassurer…
Et en coaching il y a une réunion à mi-parcours des fois. Comme un rituel prévu d'avance aussi, ou en option ou bien sur les chapeaux de roue ; genre pour faire le bilan, calmement ou frénétiquement...
Alors c'est important de questionner ce rituel-là, je trouve, pour revenir aux sources de ce qui chatouille ou agite, plutôt que soulager.

Nos angoisses comme les marqueurs de nos blessures initiatiques

Discontinuité, absence, questions sans réponses, impasses, frustrations... ainsi, il y a un tas de choses, il a tant de choses qui se manquent et qui se ratent en coaching
Malgré la promesse du coaching : être bienveillant, nourrir, développer, prendre soin, rendre autonome… Et tout ça dans un dans un délai plutôt court, tendu et défini a priori.
Mais c'est pas dans le coaching, c'est d'abord dans notre ADN de coach ces désirs-là, tous ces désirs pour l'autre.
Alors ma proposition ce soir : ne pas être dupe de ça. Parce que répondre à tous ces manques ça soulage un instant, le temps de l'accompagnement – oui, c'est la fonction thérapeutique du coaching – mais ça laisse sous cloche tout le manque originel.
Et pour s'exercer à ne pas être dupe, prenons le temps d'aller regarder du côté chez soi. Percevoir ce qui s'est raté pour soi :

« Quels sont les manques que j'ai vécus ? Quelles blessures initiatiques ? »

C'est un peu comme faire un bilan d'incompétences alors.

PRACTICUM

En solo et en silence, d'abord. 2 questions clés :

« Quelles questions clés sont restées sans réponses ce soir et qui m'agitent au fond ? »
« Et qu'est-ce que ça m'évoque de familier pour moi cette agitation-là ? »

C'est important, je trouve, de déplacer son attention sur la forme que ça prend plutôt que sur le contenu car c'est peut-être un déplacement d'affects anciens, d'une histoire passée qui rode au présent.

En groupe restreint : 4 par 4

Là, comme vous êtes.
Et laisser chaque groupe sans autre consigne que laisser se déplier une forme autour de cette agitation-là dans la non-réponse, le manque, la frustration.
4 par 4 donc. 20 mn

Retour en plénière : Prise de température avant la pause et rebelote après

 

PAUSE

En groupe restreint : 4 par 4 - bis

Blessure initiatique : la blessure c'est le talent !

Retour en groupe de 4 avec un nouvel ingrédient :

« Quels stratagèmes ai-je développé pour cacher ou combler ce manque, ces frustrations ? En quoi est-ce un talent alors ? Et tout à la fois une limite, peut-être ? »

 

RETOUR EN PLENIERE

Partage sur le fil des associations libres

Et à la prochaine fois. Ce sera le vendredi 15 avril.

 

***