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JUN 16

Bob et moi

J'ai aimé rencontrer Patrice GRÉE dans un groupe secret. Oui, ce groupe-là s'appelle Nikki, c'est du japonais et ça veut dire "Journal intime". Enfin, je ne l'ai pas vraiment rencontré Patrice parce que c'est sur Facebook mais on n'est pas nombreux dans Nikki et c'est ça qui est bien. Chacun publie ici des instants de sa vie, comme il aime, quand il aime et sans soucis de plaire. Et c'est tellement vrai ces moments-là de vie que je me demande toujours si c'est faux. Et ça m'encourage à écrire aussi des bouts de mon histoire cachée.

Et donc de fil en aiguille, c'est là aussi que j'ai découvert que Patrice venait de publier un livre : "Bob et moi". Illico, j'ai aimé le commander son livre. Bob c'est le chien de Patrice, un boxer, "élégant et gracieux, à face écrasée mais au corps ferme, souple et chic". 

Et c'est passionnant de découvrir comment ces deux-là partagent beaucoup d'instants de leur vie et aussi plein de questions sur des sujets profonds ou graves. C'est comme un journal intime aussi.

J'ai beaucoup aimé lire ce livre parce qu'en ce moment je retrouve plein de souvenirs avec les chiens de mon enfance : Vidocky le fox terrier, Orphée le doberman. Et aussi parce que maintenant Eva a un chien, enfin une chienne. Elle s'appelle Snow, elle participe à ses séances de psychanalyse et, des fois, Eva l'emmène ici à la campagne. Et alors ça me rappelle un peu mon enfance mais pas du tout sur le mode du dressage, de l'attaque ou des concours.

J'ai corné beaucoup de pages de "Bob et moi" et c'est le signe que c'est vraiment bien mais alors j'ai eu du mal à choisir quelques extraits.

Extraits :

Mais quelle légitimité ai-je pour écrire un livre sur mon chien ? Le plaisir, juste le plaisir d'écrire. C'est la seule légitimité que je m'accorde.
(page 59)

*

Un jour en analyse, je me suis allongé pour rester debout.
(page 73)

[ Oui, parce que Patrice aime aussi aller chez le psy. Et l'une de ses "grandes questions" est : "Est-ce que les psys s'en tirent mieux que les autres ?" !! ]

*

Bob vieillit. Il a eu cinq ans en avril de cette année. Des poils blancs font leur apparition sur son museau. Cette découverte m'a, d'un coup sec, fendu le cœur. Il ne me suit pas qu'aux toilettes, il m'accompagne également dans le temps.
Moi aussi, le blanc m'envahit la façade comme un lierre rampant. Plus je blanchis à l'extérieur, plus je m'assombris à l'intérieur. J'ai commencé en couleurs, je finirais en noir et blanc, avant que l'écran ne s'éteigne définitivement.
J'aurai vu ce chien, chiot, adulte, vieux. Et je le verrai peut-être mort : une vie entière aura défilé sous mes yeux.
Sa jeunesse passée me ramenait en enfance, sa vieillesse à venir anticipe la mienne.
(page 66)

*

Mon père aimait ratisser les graviers du jardin. Il avait des joies simples. Mon père aimait l'ordre, la propreté, et le silence. Depuis la mort de son père, il aimait les journées où il ne se passe rien. Il doit être content.
(page 141)

*

Tôt, ce matin, dans le jardin, à l'heure où la terre respire, Bob sautait. Sautait et ressautait. Encore et encore. Et à nouveau.
Amusé, intrigué par ses curieux bonds, doucement, je tirais le rideau.
C'était un papillon !
Bob, léger, dansait avec un papillon.
(page 145)

*

BOB et moi. Autofriction. Patrice GRÉE - Éditions Guinet - Mars 2016

Et aussi quelques mots échangés en aparté avec Patrice :

" On ne sait jamais où l'écriture nous entraîne… Bob possède 3 trucs en commun avec les psys :
1 / Il passe une bonne partie de la journée sur le divan.
2 / Il est assez silencieux. Mais, je le soupçonne de n'en penser pas moins.
3 / Il est bienveillant avec moi, et y'a du boulot !

J'ai écrit ce récit-canin pour laisser une trace. Aucun orgueil là-dedans […] Non, juste pour mes petits et arrières petits enfants que je connaîtrais jamais… Je suis persuadé que nous nous inscrivons dans une histoire familiale antérieure à celle de nos parents… J'aurais adoré en savoir plus sur mon grand-père. Comment aimait-il ma grand-mère ? Que disait-ils de ses parents, de ses enfants.  Que pensait-il du monde dans lequel il vivait ? Etait-il de gauche, de droite ? Et pourquoi ? Enfin, j'aurais aimé connaitre tout ce que j'ignore…. Nous sommes fait de dits et de non dits dans nos romans familiaux… Des paroles nous portent, d'autres nous déportent… Donc moi cela m'intéressait de laisser à mes petits enfants et arrières une trace de ce que je suis. Certains s'en foutront comme de l'an 40 et c'est tant mieux ! D'autres, en quête d'eux-mêmes, trouveront sur leur chemins de vie, ces petits cailloux qui les mèneront jusqu'à…"