Avant, quand j'apportais sur le divan mes rêves de la nuit, j'attendais que ma psy les décode, les interprète. Mais elle n'en faisait rien. Je croyais qu'elle avait des cartes secrètes de l'inconscient et qu'elle jouait aux devinettes avec moi. Alors je grognais, je m'enrageais contre elle. Et ça c'était déjà toute une histoire. C'était même un mode relationnel. Oui, attendre de l'autre un peu ou beaucoup, être frustré et puis ruminer... Et donc je revenais à mon rêve, je lui racontais et j'ai fini par comprendre que c'est vraiment mon récit, avec tous les trous dedans, mes hésitations, les double sens, mes évocations libres, c'est tout ça au fil de la séance et dans l'après-coup qui ouvre des pistes nouvelles.
Et c'était pareil pour toutes les ravines de l'enfance que je continue de dévaler dans ma vie. J'attendais d'elle une boussole, une direction nouvelle. Mais aujourd'hui je vois bien qu'elle n'en sait rien au fond. Elle questionne, elle souligne parfois un lien que je ne vois pas, et, bizarrement, ça me calme ! Et mes histoires préférées se défont peu à peu.
Ainsi on n'est jamais vraiment analysé, on est "ANALYSANT". C'est plus exigeant, plus engageant.
Et c'est exactement pareil en supervision. Il n'y a pas, d'un côté, des supervisés et puis, de l'autre, un superviseur avec un don ou une super vue, genre voyant ou snipper. Il n'y a pas de modèles non plus. Non, c'est en faisant compagnie avec d'autres, en petit groupe, dans une relation singulière, engagée, où chacun est "SUPERVISANT", avec ce qu'il amène et ce qui l'accroche, ce qui le fait ruminer, trébucher ou courir. C'est ça qui, quand ça se déplie, quand ça s'élabore, suscite une autre manière de voir, de penser aussi, et qui au fil des séances assouplit notre manière d'accompagner et d'être dans ce métier.
Alors, si vous en avez assez des super groupes de supervision autour d'un gourou, de sa technologie ou de son référentiel de compétences, genre eleveuncoach.com, avec des crédits pour être accrédité (oui, j'ai vu passer un truc comme ça sur LinkedIn, des écus, enfin des CCEU's, à gagner pour avoir des "core compétences" et un pedigree de coach) – ou bien si heureusement vous n'avez pas encore mis le doigt là-dedans –, alors vous êtes bienvenu en Compagnie de la supervision.
C'est en duo avec Eva et donc, d'emblée, à double sens. C'est la troisième saison, un cycle de 9 séances d'octobre à juin. C'est le mercredi de 17h à 19h à l'atelier, rue Chaptal.
C'est un forfait de 1500 € HT qui se règle à l'inscription.
Le calendrier : 18 octobre, 15 novembre, 6 décembre 2017 et 17 janvier, 7 février, 7 mars, 11 avril, 16 mai et 13 juin 2018.
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La photo, là, c'est un tableau de Kimura, un peintre japonais, un peintre de la lumière, dont quelques créations sont exposées à l'Orangerie des Musées de Sens, sous le titre : "Le clos est le monde." Et c'est comme un koan, une énigme japonaise, cette phrase-là. Oui, dans quel monde je m'enclos ?