– Et, vraiment, vous vous demandez ça alors ?
C'est ma psy qui m'a demandé ça l'autre jour. Elle m'a semblé vraiment surprise. Ou plutôt, elle était en train de me surprendre dans un truc pas très clair au fond, une entourloupe peut-être. Tout ça parce que j'arrive toujours en vélo sur le divan – je viens en Vélib je veux dire – je remonte les quais, les courbes de la Seine, rive gauche, puis rive droite jusqu'ici. Et ça me plonge déjà dans une sorte de rêverie éveillée, un état proche de la cure par la parole. Oui, sans trop de tabous. Et donc je lui parlais d'emblée des femmes qui se baladent aussi en vélo au bout du soleil.
Ça se voit plus ou moins, je lui disais, ça se devine à travers les tissus, les étoffes, quand elles me doublent, quand elles pédalent, du bord des hanches jusqu'au sillon interfessier, leurs dessous dessinent un V ou un Y. Je ne peux m'empêcher de poser mon regard par ici ou par là. Et je me demande alors si les gens regardent ainsi aussi ? Si ça se fait de faire ça ? Je ne sais pas trop. Oui, regarder les courbes des femmes qui portent un string rouge ou noir, une culotte plus ou moins scandaleuse ?
Je me demande même si certaines ont vraiment une culotte, tellement la soie de la jupe ou le lin du sarouel épouse le contour de leurs fesses. Ou l'inverse peut-être. Ça fait corps, en tout cas, quand elles swinguent, quand elles se chaloupent sur la selle.
C'est vraiment pas pareil sur les trotinettes électriques. Elles se tiennent toute raide, le corps n'est pas vraiment engagé, et elles semblent filer vers le crash. A double sens, à folle allure.
Et donc, avec sa question – non pas de savoir si les femmes portent une culotte mais si ça se fait de regarder plus ou moins à travers les jupes des filles – j'ai réalisé que non, pas du tout, pas sur le moment. En fait, c'est seulement sur le divan, dans l'instant d'après, quand je lui raconte ça à elle, que je me pose ce genre de questions. Parce que souvent je voudrais qu'elle me donne la loi. Une loi du genre. Mais elle ne se laisse pas faire visiblement et, là, elle a continué comme jamais.
– Ce qui vous intéresse c'est le sexe des femmes, elle m'a dit. Tout ça, parce que votre mère voulait vous empêcher de voir des filles. Elle faisait sa loi. Enfin, c'est ce que vous m'avez toujours dit ici. Et que vous aimeriez peut-être retrouver.
***
La photo, là, cette histoire de rapporter tout ce qu'on a pas aimé, c'était l'autre jour, sur les planches à Deauville. Ça m'a fait bizarre, j'ai encore pensé au divan. Souvent, je préfère apporter là-bas ce que j'ai aimé trouver en arrivant mine de rien...