Parmi nos cinq sens, le goût est le plus intime. Et c'est au cœur de cette intimité qu'Ariane, diététicienne gourmande et créative, aime accompagner ses clients pour retrouver le plaisir et le goût de soi. Plaisir de savourer et invitation à la gourmandise, à rebours de la mode des régimes et des discours dominants.
Ariane s'était prêtée ici et là, avec gourmandise aussi, à l'expérience d'un coaching en vidéo et en stéréo. Et elle chemine ici encore et sans détours d'une question intimiste vers une autre.
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André : Tu te dis Diététicienne gourmande ; tu signes tes courriels du mot Savoureusement ; tu publies un plaisir gourmand chaque jour sur ton blog… Comme si, pour toi et ceux que tu accompagnes, le plaisir était une quête ?
Ariane : Pour moi, le plaisir (en matière de nourritures !) est une quête et une réalité car j'adore bien manger. Et je retrouve ce plaisir aussi bien dans des mets très simples que dans des bons restaurants. Mais mon but n'est pas d'être exemplaire. Je me suis choisie comme terrain d'expérience pour inviter ceux que j'accompagne ou qui me lisent à se faire plaisir. Ils prennent conscience que ce qui est bon au goût et fait plaisir n'est pas incompatible avec ce qui est bon pour la santé et pour la ligne. Bien au contraire ! Mais nombreux encore sont ceux qui, au nom de règles nutritionnelles très strictes, vivent dans la frustration et s'interdisent des délices gourmands.
André : Inviter tes clients à s'affranchir des règles très strictes semble ajouter à ton plaisir ! Créativité rebelle, incitation au "péché de gourmandise" ou positionnement singulier ?
Ariane : Tout cela à la fois! Positionnement singulier à rebours de l'image traditionnelle de la diététicienne qui prive, frustre ou invite à de bien tristes agapes… Singularité d'une approche globale car la nourriture est au cœur du mode de vie, du travail, de l'histoire familiale, du caractère de chacun…
Et incitation à la gourmandise car elle n'est pas la gloutonnerie et ne fait pas grossir ! « La gourmandise, ce n'est pas manger trop, c'est avoir du plaisir à manger » dit Michel Onfray.
Rébellion aussi contre les injonctions nutritionnelles, les régimes, la croyance qu'entre plaisir et santé, il faut choisir. Ainsi, le discours ou un article d'un « sachant » stimulent mes poussées d'adrénaline créatives et mon plaisir d'aller contre le courant dominant !
Et, en même temps, tout cela n'est pas pour satisfaire un plaisir égoïste mais pour apporter à mes clients un bien-être du corps et de l'esprit.
André : Tu m'as accompagné un instant sur ce chemin de l'art de manger quand, par exemple, je choisi de déjeuner seul. Quelques questions surprenantes, une prise de conscience et j'ai retrouvé le temps et le goût de savourer le midi. Quelle est la source de ton questionnement : posture socratique, élan nourricier ou art de prendre soin ?
Ariane : Je suis ravie que le hasard (?) de notre échange t'ait permis de changer ton regard sur tes repas en solitaire. Je me suis lancée dans ce métier par goût de l'humain et il y a en moi une envie de prendre soin de l'autre : transmettre le plaisir de manger, source de moments savoureux, et aussi enlever du stress dans le rapport à la nourriture. Cela n'est pas d'ordre socratique mais plutôt une capacité à faire prendre conscience de la relation intime de chacun à l'alimentation. L'expérience que j'accumule, ma passion gourmande pour l'histoire alimentaire de chaque être me font percevoir des signes que la personne ne voit pas car l'alimentation est si banale et quotidienne qu'elle ne la regarde plus.
André : Ce sont plutôt des femmes qui font ton métier. Et ce sont aussi plutôt des femmes qui viennent vers toi. Est-ce parce que la femme, qui a le goût de nourrir les autres, finit par perdre ce goût pour elle-même ?
Ariane : Les femmes sont bien sûr plus nombreuses à me consulter car elles subissent une dictature de l'image et de la minceur qui, pour l'instant, épargne encore les hommes. Mais les femmes sont multiples. Parmi celles qui viennent me voir, il y a la femme nourricière qui a trop le goût des autres et finit par s'oublier et ne jamais prendre du temps pour elle. Cela entraîne fatigue, stress, compensation dans la nourriture.
Il y a celle qui, au contraire, a trop le goût d'elle-même, ou plutôt de son image, et qui se nourrit de régimes sans fin, sans entendre que les autres l'aiment pour ce qu'elle est, sans que cela soit à trois kilos près.
Il y a la femme-fille qui a trop le goût de sa mère pour lui dire « non ! » quand celle-ci la nourrit trop bien.
Il y a celle qui n'a pas le goût d'elle-même, au fond d'elle, et qui alors s'attaque à la forme en pensant que cela va tout régler.
Il s'agit de retrouver un juste équilibre entre le goût de soi et le goût des autres, le temps pour soi et le temps de partage, pourquoi pas autour d'un bon repas !
L'abus de plaisir est recommandé pour le bien-être : découvrir les activités et les plaisirs gourmands d'Ariane Grumbach, l'Art de manger.