Il est photographe et elle est poète. Il s'appelle Vincent J. Stoker et elle Pali Malom.
Et ces deux artistes-là aiment mêler leur art et danser ensemble sur les berges de l'éternité.
Et moi j'ai aimé m'abandonner un moment sur ces berges-là pour écrire la préface de leur création inédite : « Quand la neige fond, où va le blanc ? »
Le site de Vincent J. Stoker : H E T E R O T O P I A
Genèse d'une création singulière et délicieuse : Je, tu, il : créons ensemble !
Mise en bouche : Où va le blanc ?
Et la préface :
Voyage en finitude
Au cœur de voûtes monumentales rongées par la pluie et le temps ; dans la pénombre intime d'une chambre d'amour et d'autrefois ; au milieu d'un désert de galets clairsemé d'épaves guerrières et rouillées… Chaque photo de Vincent J. Stoker nous invite à voyager vers une part profonde et sensible de notre âme et de l'âme du monde. Un voyage qui nous mène au plus proche de nous-même, dans cette part de soi qui résonne tout à la fois à la présence de l'être humain sur la terre et à l'impermanence du monde.
Ce sont de longs instants de finitude que cet artiste a le talent de retenir à travers des lieux où la vie n'a plus rien à déclarer. Il arrête le temps des horloges et il fait de nous un témoin de ce qui se finit. Finitude de l'homme, architecte amoureux ou industriel mégalomane, bâtisseur ou bétonneur, amant ou guerrier, qui pose son empreinte sur la terre et dans la pierre, qui fond le verre et coule l'acier. Comme pour jouer à cache-cache avec l'éternité ou pour faire bras de fer avec une fin inéluctable. Mais en vain. Car le vivant est fragile. Et même l'acier trempé et le béton armé ne sont que de passage.
Et la part d'âme qui, au fond de nous, connaît bien l'éphémère et le crépuscule du monde est si sensible que les mots et les lignes de Pali Malom sont d'une précieuse compagnie pour nous abandonner à ce voyage en finitude.
Conteuse et poète, fabulatrice et rêveuse éveillée, Pali Malom nous prend par la main pour plonger d'une photographie à l'autre et aller sur des sentiers oubliés ou secrets. Souvenirs d'enfance ou d'école, histoires d'âme ou d'amour, murmures et lignes de vie, elle ajoute de la mémoire à ces lieux inanimés, inhabités à jamais. Et elle aussi a le don de retenir un peu de l'éphémère et de l'âme du monde. Ses vagabondages sur les chemins de l'encre sont comme un écho à cette question qui est au creux de chaque photo : Quand la neige fond, où va le blanc ? Comme un écho aussi à d'autres questions qui surgissent en nous avec mélancolie : Où ira la saveur du monde, quand tout finira ? Et la musique de l'âme ?
Mélancolie et, pourtant, quand ces deux artistes de l'instant dansent ensemble, au bord de l'éternité, quand ils mêlent leur art, leurs images et leurs mots, alors s'éveille cette part de nous qui a envie de prendre soin du vivant et de chaque instant. Dans nos jardins intérieurs et dans les jardins du monde.