J'ai aimé écrire son prénom à l'encre bleue dans mon agenda. Et réserver tout l'après-midi. Et prendre le temps de l'accompagner. Le temps de la présence. Présence maladroite parfois, comme quelque chose qui me manquerait dans cet entre-nous là.
Alors être là, simplement. Et apprendre à donner ce qui a manqué. J'avais déjà découvert qu'il n'y avait rien d'autre à faire. C'était quelques semaines plus tôt, il m'avait demandé un temps pour lui, un temps pour choisir l'université qui lui irait bien. J'avais imaginé un coaching, comme pour Charlotte, quelques années plus tôt. Mais il avait juste besoin de me raconter ses choix.
Cet après-midi là, c'était sa première épreuve, loin de son lycée. Traversée du labyrinthe des banlieues, sous l'orage et les averses, guidé par lui. Il m'avait dit son appréhension pendant le trajet. Et aussi son incertitude après. Accueillir ses pensées qui se débattent entre les exigences et le doute et qui, une fois posées, semblent trouver un espace serein.
Sa maman, chimiste devenue alchimiste de nos pensées grises ou noires, l'a invité à viser une mention. Étonnante et habile suggestion pour dissoudre ses craintes. Plaisir alors de le regarder passer les épreuves, une à une, et sortir du dilemme douloureux : « Aurais-je ou pas mon bac ? »
Le jour des résultats, sous le soleil du matin, il traverse la vallée verte à vélo. Et, au retour, ses notes à la main, il aime me raconter sa ballade sur les sentiers des bords de l'Yvette. Plaisir de l'instant et de la réussite. Souvenir partagé aussi de descentes vertigineuses, ensemble à VTT, en montagne.
Le soir au dîner, provocante et complice, Charlotte lui dit sa fierté : « Moi, j'aime que tu n'aies pas de mention. Ainsi, tu sais sortir du moule et de la compète ! »
Et, plus tard, en relisant ses résultats, Charlie découvre qu'il lui manque une note : « C'est mon option : plus de 19 sur 20. C'était une descente à VTT, en forêt, dans la vallée verte. »
Et, demain, nous partons en vacances, au bord de l'océan.
***