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JAN 10
Elle est habillée tout en noir, de la pointe de ses pieds, chaussés d'escarpins, jusqu'à ses longs cheveux qu'elle a noués d'un ruban de velours. Elle s'est assise sur le divan. Elle ne sait pas que l'immense coussin blanc, dans son dos, lui dessine les ailes d'un papillon. Création éphémère.
Au fil du temps, les tannins et les parfums du thé s'étaient déposés sur l'intérieur du mug en porcelaine. Une patine incrustée à jamais qui ajoutait à la saveur du rituel. Et puis, celle qui prend soin de notre maison et de notre jardin d'hiver l'a récuré avec application. À l'eau de Javel. Comme une invitation au détachement. Un clin d'œil de l'impermanence.
Ce matin, avant de partir, celle qui chaque nuit s'enroule à moi et rêve sur le même oreiller de plumes, la compagne de ma vie pose un baiser sur mon front. Une pensée surgit. Secrète, inédite : « Nous recevons la mort en héritage. » Son âme à elle s'en saisit. « Et la vie en même temps », me dit-elle avec un sourire et un baiser sur mes yeux.