Maison de vacances au bord de l'océan. Des peintures de Modigliani sur les murs. Visages de femmes. Mélancoliques. Des nus sur des divans. C'est elle qui aime peindre. C'est sa maison. Un ancien pressoir à cidre. Elle le loue, quelques semaines, pendant l'été. « Tout ici est pour vous. J'ai juste fermé à clé de vieilles armoires. Il n'y a là que des esquisses ou des culottes ! » Quelques pas en sa compagnie dans le parc.
Les cèdres et les chênes semblent avoir mille ans. « Vous apercevrez peut-être les chevreuils, à l'orée du jour. Ils viennent ici par trois. Ça semble magique. » Elle nous met en garde contre un nid de guêpes là-bas et des vipères, parfois.
La crique est là, en contrebas, lovée derrière le muret. Là où le sentier côtier prend fin, oblige à un long détour. C'est dans cette crique, sous le soleil de printemps, que j'avais aimé déjeuner avec mon amour. Deux ans plus tôt. Et aujourd'hui, sans le savoir, alchimiste du plaisir, dénicheuse de lieux à l'écart du monde et du temps, elle a retrouvé cette vieille maison. De l'autre côté du mur.
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Toute rousse, toute ronde, la lune d'été glisse doucement entre les cèdres.
Et les chauves-souris dansent, éperdument.
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