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FéV 08

Etre l'amie du coach ?

Vous avez peut-être lu l'histoire de Maud, cette directrice de projet, fusionnelle et troublante qui séduisait son coach ?
Lire : Fusion et dé-fusion
J'ai retrouvé Maud cette semaine pour notre dernière séance.
Dès les premiers instants, j'ai senti que quelque chose avait changé. Mais quoi ?

La jeune femme me dévisage pendant un long moment... Puis elle interrompt le silence :
- J'ai compris ce que je projetais sur vous ! Tantôt l'image du père, tantôt celle de l'amant...
J'aime regarder Maud et je prends conscience que mon trouble a disparu. Elle poursuit :
- C'est vraiment curieux, comme si je n'avais plus besoin de ça avec vous ?!
- Projeter sur l'autre permet d'alimenter un scénario ancien, de nourrir un besoin...
- C'était avec vous, comme avec les autres hommes, le même besoin : les combattre ou les attacher, les dominer ou les séduire ! J'ai finalement découvert que c'est vain... Ainsi, ce que j'ai travaillé en analyse pendant des années semble enfin se dénouer...

Je me souviens d'un message de Maud quelques semaines plus tôt : elle me racontait comment elle fonctionnait maintenant en alliance avec Miguel, "le contre-leader dans la nouvelle équipe... C'est comme avec vous pendant notre séminaire"... Et, la séance d'avant, Maud voulait comprendre la différence entre coaching et thérapie. J'évoquais rapidement des repères théoriques – Répéter, Reconnaître, Réparer – et je soulignais qu'à la différence du thérapeute, je ne "réparais" pas le passé. Puis je ramenais Maud dans le champ de notre relation : quelle différence entre vos psys et moi ? Elle m'avait alors proposé d'ajouter un R à la théorie : Re-créer, réinventer son scénario...

Maud me dévisage :
- C'est notre dernière séance aujourd'hui... J'aimerais vous faire une demande ?
Et sans attendre :
- J'aimerais vous revoir en dehors du coaching... devenir simplement votre amie...
Je suis touché... Je me rappelle que j'aurais aussi aimé que celle qui m'accompagne devienne mon amie, une fois mon désir et mes armes déposées ! Puis j'ai compris que le transfert changeait simplement de nature !
- Maud, j'ai aimé vous connaître et vous accompagner... Et, en même temps, je ne saurai pas vous rencontrer hors de notre relation de coaching.
- Je m'attendais à votre réponse !
- Et...
- Je vous écrirai parfois...Et j'apprendrai à devenir ma meilleure amie !

Quelques éclairages :

• Tecum habita : Habite avec toi-même…
  

• Peut-il y avoir amitié avec un client ? Les coachs sont plutôt silencieux ou flous ici. Parfois, ils posent un interdit. Alors je suis retourné à l'une des sources de notre métier, du côté des psys : « Je n'imagine pas qu'on puisse établir une relation d'amitié pendant la cure. Il est possible que ma position soit considérée comme trop rigide et je suppose que des thérapeutes chevronnés et compétents, voire des psychanalyses établissent des relations sociales avec leur patient sans dommages pour ceux-ci. Mais cela me semble une position particulièrement difficile. N'oublions pas que le transfert brouille la vision du patient. Son psy n'est pas une personne ordinaire pour lui. [...] Comment devenir ami avec celui qui porte en lui nos secrets et nos espoirs ? C'est bien trop déséquilibré ! Cela ne peut être une vraie relation amicale égalitaire. » Récits de divan, Maryse Vaillant.