C'est aux premières heures du jour qu'elle m'a laissé son message. Chamboulée et inquiète. « Êtes-vous libre aujourd'hui, entre deux séances, à midi ou ce soir ? » Elle est tombée en amour de celui qu'elle aime accompagner. « Passionnément. Éperdument. » Et elle lui a parlé de son désir pour lui. Mais lui n'est pas amoureux. C'est sa tendresse à elle qui le nourrit à chaque séance.
La nuit tombe et la lune glisse entre les étoiles. Et là, à fleur de ciel, sur le sofa, elle caresse un coussin, le presse tout contre son ventre, en silence. Ce coussin-là est garni de plumes d'ange.
Et maintenant elle me dit combien elle aimerait effleurer ses cils, caresser ses lèvres. Oh, juste un instant ! Et aussi sentir sa peau dans sa nuque, goûter le creux de son oreille. Ça l'obsède, corps et âme. À l'orée du jour et quand vient la nuit. C'est comme une morsure, dans le cœur et la chair, profonde et douloureuse.
Alors, cheminer avec elle, doucement, vers la source du manque. Là où le désir prend naissance. Désir charnel qui a la saveur des caresses données à ses enfants. Caresses au creux de la main, baisers dans la nuque. Étreinte animale et tendre, peau contre peau, chaque soir, avant de partir rêver. Mais ses enfants grandissent et quittent la tanière pour aller dans le monde. « Alors, comment vivre sans faire l'amour maternel ? Comment ne plus donner ce qui a le plus manqué ?! »
Un rayon de lune caresse sa joue, effleure ses lèvres. Comme une invitation à recevoir aussi.
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