Une fois l'histoire de sa vie déposée là, une fois la nuit tombée, « c'est, dit-elle, de la faillite du corps et de la chair, de la dégringolade de l'âme, de l'effroi qui sourde au fond de moi, dont j'aimerais parler avec vous. »
Coach au talent vraiment singulier, elle a l'une des formes aiguës des troubles de l'attachement. Elle aime murmurer sa peine et puis elle lâche là, tout à trac : « Chaque séance me fait tant souffrir que j'ai parfois envie d'abandonner ce métier à jamais. »
« Et vous, ajoute-t-elle, ça vous prend aussi parfois cette mélancolie ? »
Elle me parle de sa peur et des maux dans sa chair, de sa souffrance souvent et de la boule qui là soudain l'oppresse. Et de toutes les formes de plus en plus sournoises d'un jeu sado-maso au dedans d'elle. Ça vient de loin et d'un autre. D'un amour aimé pourtant. C'est tatoué à l'encre sympathique sous sa peau, et aujourd'hui ça irradie, ça contamine tout à l'entour.
- Marie, voulez-vous que quelque chose change vraiment ?
Surprise, comme une trouée dans le brouillard de ses yeux. Silence sur le satin de ses lèvres.
Retenir l'élan de vouloir la guérir, laisser se mettre en figure là, dans l'entre-nous, l'ultime forme de son plaisir.
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