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JUN 09

L'amie idéale

J'ai rencontré cette amie idéale pendant quelques instants. Âme sœur et confidente bienveillante d'un moment. C'était lors d'une séance avec ma psy !
Elle avait envie de découvrir avec moi une relation que je semble chercher en vain. Une relation où la femme ne serait ni l'archétype de la « bonne mère », ni l'épouse. Ni la thérapeute qui guérit des maux de l'âme, ni la muse qui m'inspire.
Et elle a pour cela choisi le jeu. Elle a d'abord beaucoup tâtonné. Elle est entré dans la peau de différentes figures féminines qu'elle sait importantes pour moi. Je devais lui donner la réplique, mais les mots sonnaient faux.
 
D'ailleurs ce n'était pas vraiment ma demande. J'avais d'autres questions importantes aujourd'hui. Mais, au détour d'un mot ou peut-être d'une résonance chez elle, elle a eu l'idée de ce jeu de rôles. Je ne comprenais pas toute l'énergie qu'elle dépensait ici. Alors je l'ai interpellée :
« - Pourquoi persister dans ce jeu si nous tournons en rond ?!
- Parce que cela touche sans doute quelque chose d'important pour moi. Quelque chose que vous semblez ne pas voir ! »
Elle a essayé encore. Mais que cherchait-elle ? Elle a tenté d'inverser les rôles et m'a fait jouer l'une ou l'autre de ces femmes. Mais je me sentais en dehors du jeu. Alors je lui ai proposé d'arrêter :
« - Je vous mets en difficulté et je n'en ai pas envie. J'ai appris, avec vous, à quitter les rapports de force.
- Laissez-moi vous aider. »
Long silence. J'ai découvert depuis peu le bienfait d'être aidé, de m'abandonner. Regard dans le regard. Et soudain elle a nommé ce qu'elle semblait chercher depuis le début de notre séance : « Et si c'était une amie ! Votre amie idéale ? »
Je suis resté silencieux. Bouleversé aussi. Comme si ces mots ouvraient un espace nouveau.
Elle m'a alors invité à raconter à cette amie un peu de mon histoire. Les mots sont venus doucement. L'émotion aussi. Je ne savais plus si c'était un jeu. Je pouvais dire à cette amie idéale ce qui était important pour moi. Sans peur
de m'abandonner si je suis triste, ni de l'envahir quand je suis amoureux de la vie. Et elle offrait un écrin à mes paroles et mes pensées. Je ne sais si cela a duré un instant ou une éternité.

Quand je suis parti, elle m'a invité à devenir cet ami pour moi-même.
J'ai longtemps marché après la séance.
Et, les jours qui ont suivi, j'ai découvert comment la douce compagne de ma vie et parfois des amies peuvent aussi m'offrir des instants de cette relation
« idéale ».