19
FéV 09

La peau froide

Parfois un client me suggère la lecture d'un livre, un autre m'offre un roman. C'est un ouvrage qu'il a aimé ou qu'il imagine que j'aimerais.
Je reçois ce cadeau surpris et toujours ému. J'oublie mes questions de coach sur le sens de ce geste ou le "jeu transférentiel" qui se crée ici !
A l'instant où elles surgissent, je devine que ces questions sont comme une protection, un empêchement de recevoir tout simplement.

Et ces livres me ravissent.
"La peau froide" d'Albert Sánchez Piñol est l'un de ces romans étonnants qui
me fait voyager en ce moment loin de ma planète habituelle.
Avec cette sensation rare et délicieuse qui mêle à chaque page l'impatience de découvrir la suite et l'envie de prolonger l'instant.
Merci à vous, chère M, pour ces matins en compagnie de la sirène aux yeux d'opale.

 

Le Mot de l'éditeur :

« Une île au bout du monde, des créatures nocturnes à la peau froide assoiffées de sang, deux hommes barricadés dans un phare : Albert Sánchez Piñol mêle aventure, suspense et fantastique avec un réel brio.

Dans la froidure australe, un navire se dirige vers un îlot perdu au milieu de l'Atlantique, balayé par les vents polaires, écrasé entre les gris de l'océan et du ciel. A son bord, un ex-activiste de l'IRA vient prendre la relève de l'ancien météorologue pour une mission supposée durer un an. Son prédécesseur est introuvable et le gardien du phare, "l'autre" habitant de l'île, un homme brutal et taciturne, semble à demi fou. Attaqué dans sa cabane par d'inquiétantes créatures amphibies qui apparaissent aux premières ombres du soir et disparaissent à l'aube, le météorologue trouve refuge dans le phare et les hommes s'allient pour résister aux agressions constantes des monstres à peau froide. Une présence féminine, "Aneris" (anagramme de "sirène" en espagnol), vient perturber leur solidarité belliqueuse.

Comme chez les grands romanciers du XIXe siècle dont il est nourri (Conrad, Lovecraft ou Stevenson), La Peau froide pactise avec le roman d'aventures, flirte avec le suspense et le thriller et emprunte son intrigue à un des thèmes récurrents de la science fiction : la rencontre avec une espèce intelligente totalement étrangère et incompréhensible à l'homme. Mais, dans la lignée de ces illustres prédécesseurs, c'est l'incursion dans les sentiments, dans les contradictions et les paradoxes du comportement humain qui donne toute sa dimension à ce roman. Puisant dans un registre mythique - île déserte, solitude, peur de l'autre, retour à la vie sauvage -, l'auteur confère à son oeuvre une portée universelle. La Peau froide est, en effet, un récit parabolique, un jeu de miroirs aux espaces métaphoriques. Les protagonistes pensent être au "Coeur des ténèbres" quand les ténèbres sont dans leurs coeurs. La civilisation s'oppose à la barbarie, l'intérieur à l'extérieur, le présent au passé, et la raison à la passion dans une histoire parfaitement cyclique qui démontre que, quelle que soit son évolution à travers les âges, l'homme toujours restera soumis aux mêmes règles, aux mêmes désirs ataviques, aux mêmes peurs ancestrales. »

"La peau froide" d'Albert Sanchez Pinol
Editeur : Actes Sud
Publication : 20/8/2004