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JUI 09
Il y a des chaussures de femme sur le tapis blanc. J'imagine celle qui habite ce lieu hésiter un instant entre ces escarpins fantaisie et les chaussures à talon.
L'appartement est silencieux. Le parquet craque sous mes pas. De larges lattes, irrégulières, peintes en noir laqué. Sur un canapé un PC portable. Un paquet de Philip Morris sur la table basse. Ceux qui vivent ici étaient peut-être là l'instant d'avant.
Une fenêtre est grande ouverte. La fraîcheur de la cour pavée emplit la pièce. Un rayon de soleil caresse les livres dans la bibliothèque.
Immense verrière au plafond. Verrière zénithale annonçait les quelques lignes sous la photo. A deux pas du Musée de la Vie Romantique.
Je marchais doucement vers ce musée pour voir l'exposition du moment : « L'instinct de l'instant ». Mais, sur le chemin, je me suis arrêté devant la vitrine de l'agence.
« Cette grande pièce à vivre, c'est presque tout l'appartement » me dit mon guide. Il reste en retrait, me laisse découvrir le lieu.
C'est ma première visite. Un appartement sous les toits. Délicieuse et troublante sensation. Je me souviens de la chambre de bonne, échangée contre des cours de maths, quand j'étais étudiant. Comme un nid perché au septième étage.
Et aujourd'hui, ici, un cabinet sous les étoiles peut-être !
J'ai depuis longtemps l'envie de créer un lieu à moi, à mon image. Le désir de cultiver un espace pour accueillir mes clients. Ils m'encouragent mais je me contente de rêver. Il y a quelques semaines j'ai voulu comprendre ce qui m'arrêtait. Voyage agité alors avec celle qui m'accompagne dans des contrées abyssales. Il est des voyages qui libèrent des entraves d'une vieille histoire.
Ici l'espace est généreux et propice aussi pour animer un groupe de supervision.
J'imagine le parquet repeint en blanc cassé. Je remplace en pensée les canapés par quelques fauteuils. Je pense à ce client-là qui s'installerait devant la bibliothèque ou la fenêtre peut-être.
C'est le coup de foudre, je crois ! Mais, pour arriver jusqu'ici, il faut monter cinq étages à pied.
J'ai envie de découvrir d'autres criques sous les étoiles. Je sais maintenant qu'il suffit de pousser une porte.