J'ai partagé ici l'inquiétude et aussi la confiance qui m'habitaient juste avant que Charlotte ait son bac. Moment d'émotion et aussi premier rituel moderne pour "aller dans le monde"…
J'ai reçu récemment une "demande d'aide" pour une adolescente, une jeune fille de 18 ans : comment trouver un thérapeute comportementaliste pour que cette jeune femme "trouve sa voie" ?
Voici notre échange.
De : Agathe
Envoyé : jeudi 22 novembre 2007
À : André de Châteauvieux
Objet : Besoin d'aide...
Je recherche de l'aide pour la fille d'un ami, et je vous serais très reconnaissante de me dire comment elle pourrait trouver cette aide ?
Elle a 18 ans, elle a commencé une licence d'anglais mais, au bout d'un mois, elle a tout laissé tomber et elle veut s'en aller au Québec et y trouver un travail.
Pendant toute sa jeunesse elle a fait des compétitions de tennis à un haut niveau, qu'elle aimait beaucoup, mais elle semble ne plus y tenir.
Sa mère réagit aujourd'hui d'une façon violente, sans aucun résultat.
Son père, plus calme, tente de lui faire entendre raison. Rien n'y fait. Il pense qu'une thérapie comportementale et cognitive pourrait l'aider et lui permettre de trouver sa voie.
Pourriez-vous avoir la gentillesse de me dire où il faudrait qu'elle s'adresse ?
D'avance je vous en remercie vivement,
Agathe
Bonjour,
Je partage les réflexions et les questions qui me viennent en lisant votre message.
Ce que je comprends de votre demande pour cette famille :
Vous cherchez le moyen d'aider une famille, une famille dont vous êtes l'amie, ou plutôt l'amie du papa.
Cette famille se mobilise autour de sa fille. C'est peut-être l'unique "enfant" ? Ou l'aînée ?
Cette fille est aussi aujourd'hui une jeune femme. Elle a 18 ans ; elle "cherche sa voie"...
Sa voie, pour l'instant, c'est "aller dans le monde"... Aller au Québec et travailler…
La maman essaie d'aider sa fille, mais la relation vous semble ici "violente" et ne produit "aucun résultat".
Plus "calme", le père essaie aussi d'aider sa fille : lui "faire entendre raison". Il lui propose une thérapie comportementale...
Voici quelques hypothèses sous forme de questions :
Pour cette jeune femme, trouver sa voie c'est peut-être, pour l'instant, se "distancier" de ses parents ?
C'est un processus naturel pour un "adunaissant" : c'est comme sortir de la chrysalide pour devenir papillon... Et un papillon n'est pas une chenille.
Pour cette jeune femme, créer son identité singulière, c'est peut-être se détacher de ce qui était au cœur de son enfance, par exemple pour l'instant les "compétitions de tennis".
Ce détachement est douloureux : il parle de moments passés qui étaient une source de plaisir pour chacun, pour les parents, pour la famille. Chaque étape de la vie est marquée par ces "renoncements nécessaires". Cette métamorphose n'est pas sans heurts, ni nostalgie... Et, en même temps, chaque détachement ouvre chacun à de nouvelles sources.
Ce couple, dans ses tentatives d'aide, est animé par une intention positive : trouver la voie de la raison pour sa fille. Et, en même temps, c'est peut-être d'abord "sa raison" que chaque parent essaie de "faire entendre" à sa fille ici ?
Prescrire une thérapie, c'est projeter une "pathologie" sur "l'enfant", alors qu'il s'agit d'un processus naturel d'individuation, de construction de l'autonomie.
Et, l'approche envisagée ici – une thérapie comportementale – présuppose des "comportements" adéquats ? adéquats à quoi ? pour qui ?
Les questions clés pour aller vers une "thérapie" seraient : Qui "souffre" ? Qui demande quoi à qui ?
C'est peut-être davantage le couple parental qui est en demande ? Surtout si la fille est l'unique enfant ? La question est alors comment accompagner ce couple dans une nouvelle étape de vie.
Et, plutôt que "trouver la voie" pour leur fille, comment ces parents pourraient-ils contribuer à "ouvrir la voie" dans un cadre de sécurité partagé ?
Chaque famille est compétente...
Enfin, voici un autre regard possible et non pathologique qui postule que cette famille est compétente :
Cette jeune femme est une "entrepreneuse" ! Elle a envie de plonger dans le monde. Et elle cherche comment… Elle intuite peut-être que la "licence d'anglais", plus qu'une voie vers un métier, est l'un des passeports pour aller dans le monde ?
J'imagine qu'elle a envie de réussir, comme dans son enfance, lorsqu'elle gagnait des compétitions.
Ses parents l'encourageaient sans doute alors ?
Aujourd'hui, le défi a changé de nature. Comment pourraient-ils retrouver leurs ressources pour que cette jeune femme se développe dans un cadre sécurisé ?
N'hésitez pas à partager ces lignes avec la famille et m'interpeller si besoin pour "ouvrir des voies" non pathologiques, plus naturelles…
Cordialement coach
André de Châteauvieux