« Les hommes sont des abuseurs », lâche-t-elle quand, au clocher de l'école enfantine et maternelle, sonne le douzième coup de midi. Oui, à ma manière, moi aussi je l'ai abusée ; quand, la séance d'avant, j'ai parlé un instant de trop. Je l'empêchais d'exister alors.
Et aussi quand j'ai dit que c'est de la tendresse qui s'échange là, entre nous, entre les mots.
Elle pose le creux de sa main bien à plat, doucement, sur le creux de son ventre. Regard dans le regard. Un jardin entre les cils là aussi. Je sais qu'il est un temps passé qui ne peut passer. Mais à l'instant de partir, elle semble s'animer d'une colère inattendue.
- Lucile, il est l'heure de vous mettre à la porte. Mais aujourd'hui, vous allez commencer à abuser.
Alors, elle a aimé choisir la durée de son abus de l'instant. « Un bon quart d'heure » qu'elle a dépassé, explosé, avec bonheur, avec tendresse.
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