23
JUN 24

Je sais tellement bien me cacher

Ce matin-là j'avais mis le réveil, alors forcément à un moment donné, ça a sonné. À partir de là, j'ai aimé t'enlacer, te sentir dans tes courbes, te caresser dans les creux. Tout ça sans trop te réveiller visiblement et puis, je n'ai pas pu m'empêcher de te mordre – enfin te mordiller, avec une saveur de l'enfance dans cette manière de faire. Et, quand je suis sorti plus ou moins du lit, tu as voulu me retenir encore un instant.
– Dis, tu veux pas te dédoubler ? tu m'as murmuré, comme si tu étais encore dans un rêve car ces choses-là n'arrivent pas autrement.

02
JUN 24

Du gros oeuvre

L'autre jour, quand je me suis allongé sur le divan, la première chose qui m'est venue c'est que j'aurais bien aimé faire un métier manuel aussi. Quelque chose de très physique, j'ai dit.
Il faut dire que juste avant d'arriver, au ras des pavés, j'avais aperçu deux ou trois ouvriers dans une tranchée pour le chauffage urbain. Il étaient aux prises avec des tuyaux et des barres de ferraille, des chaînes et du béton. C'était fugace, mais c'est comme certains rêves : on les efface au réveil et, dans la journée, on trébuche sur une scène de rue, un objet inanimé ou un regard, et par ricochet, une image de ce rêve-là ressurgit soudain. Et avec ça, tout un monde en soi. Ça reste crypté mais ça ouvre une brèche vers l'inconscient.
– Un métier de gros œuvre, j'ai précisé pour ma psy.
– Comme ici, elle m'a lancé du tac au tac.