Aujourd'hui, la femme aux yeux de chat me parle tout à la fois de sa lassitude et de son désir. Elle se fatigue elle-même de « vouloir toujours maîtriser les autres, de chercher à dominer les hommes ». Elle a envie d'expérimenter l'opposé. De faire l'expérience de tout le contraire, ne serait-ce qu'une fois, ici, avec moi. Avec moi qui, dit-elle, aime « jouer et danser avec les contraires ! ».

Je lui demande : « Et ce serait quoi, pour vous, le contraire de dominer ? » Elle plonge dans mon regard puis lâche : « Et pour vous ? ». J'allais lui parler des délices du contraire pour moi, mais elle poursuit : « Vous voyez, je ne sais faire que ça. C'est épuisant ! ».
« Paula, je vous propose de faire l'expérience de tout le contraire, là maintenant, avec moi. Et je ne sais pas encore ce que sera cette expérience, ni pour vous ni pour moi. En avez-vous envie ou peur ? »
J'aimerais savoir peindre l'instant. Ses lèvres frémissent. Son regard hésite. Son souffle se fait saccadé. Elle semble en équilibre sur un fil de soie. Entre l'inquiétude et l'attente, entre la surprise et l'envie.
Le fil fragile se rompt quand soudain elle dit : « Pour moi, le contraire ce serait la soumission ! » J'ai envie de lui parler de l'abandon, d'un espace grand ouvert sans rapports de force. J'hésite un instant. Il ne s'agit plus de parler.
Je l'invite à se lever. Et ne faire, en silence, que ce qu'elle sait faire : « Me maîtriser, me diriger… pour cheminer vers le contraire. Vers tout le contraire de dominer ou se soumettre. »

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