Il y a eu beaucoup d'étincelles entre nous, la première fois. Comme une attraction des contraires !
Elle évoquait des contes universels, filait des métaphores ; je parlais de mes sources théoriques, je citais Eluard, Tchouang Tseu…
Comme une dessinatrice de BD, elle croquait des situations complexes au paper board ; j'esquissais des schémas, des modèles avec des flèches, des carrés…
J'ai rencontré Florence lors d'un coaching en groupe de pairs. C'était il y a trois ans, dans une tribu de consultants indépendants.
Nous nous sommes confrontés, frottés à nos différences.
Et puis, j'ai eu envie de découvrir sa planète, ses « Pense-Bêtes » : des créations inédites pour retrouver le pouvoir du bon sens dans des situations bloquées.
Nous avons créé des cocktails, co-animé des ateliers pour des consultants, des équipes de direction…
Florence est devenue une amie. Et j'ai découvert le plaisir de moments d'échange « pour rien ».
J'ai beaucoup de plaisir à l'inviter ici, à l'occasion de la création de son blog.
« Auriez-vous un exemple de proposition de coaching individuel ? »
C'est la question d'un dirigeant qui a envie d'être accompagné en coaching et qui, en même temps, hésite.
Je réponds d'abord non car que je n'écris plus de proposition et je préfère clarifier en amont le désir de coaching, la demande explicite, cachée, prescrite et aussi la non-demande…
Mon interlocuteur insiste : « Et une proposition-type ? »
Alors je l'invite à rencontrer des confrères, d'autres « types » de coach : coach sportif / psy-coach, mentor / fan d'outils, homme / femme…
Nouveau début d'escalade. Je prends conscience que la question est à l'image de notre rencontre : « avoir du concret, des repères, s'appuyer sur des modèles… » alors que je l'invite plutôt à découvrir ses propres repères, développer son modèle personnel de leadership…
Je sors de ma rigidité qui cache ma difficulté de modéliser ma pratique aujourd'hui. Alors je me souviens d'une proposition écrite il y a longtemps ; une proposition pour un manager à la recherche de son modèle…
- Autour de Paris, vous avez Rambouillet, Fontainebleau, Compiègne...
- Rambouillet me rappellera ces longues marches avec mes enfants. Mais aussi avec leur père. Mon ex-époux ! C'est prendre le risque de replonger dans mon passé. De cultiver ma nostalgie. Alors que vous m'invitez à vivre au présent !
L'instant d'avant, Ema m'a parlé de son plaisir de marcher seule « dans le silence de la forêt, loin de Paris, mais c'était il y a longtemps ». Alors je l'ai invité à revivre cette expérience au présent, d'ici notre prochaine séance. Mais ma proposition tombe à plat !
- Ema, vous savez, vous aimez vivre avec votre passé. Vous avez quitté votre mari depuis plusieurs années et il est présent partout avec vous.
- Oui, alors Fontainebleau ou Compiègne ce sera pareil !
- Comment est-il présent ici aussi ?
- Non, il n'est pas vraiment là ! Philippe est juste une évocation, une image qui s'éloigne maintenant.
- Quelle est votre sensation quand vous évoquez son image qui s'éloigne ?
Long silence. Ema me regarde dans les yeux. C'est la première fois. J'ignore la couleur de ses yeux. Elle détourne son regard.
Faire le choix du coaching d'entreprise, c'est se confronter au monde des procédures d'achat, appels d'offre, jury de référencement, négociation…
Des exigences qui n'empêchent pas de cultiver, avec patience, singularité, co-création et de prendre soin de chaque relation…
« Où sont vos pensées, Myrna ?
- Je pense que je suis piégée. Je pense à partir en Alaska où la proportion entre le nombre d'hommes et de femmes est plus favorable. Ou à faire une école de commerce - la proportion est bonne, là aussi.
- Restez ici dans la pièce avec moi, Myrna. Qu'est-ce que ça vous fait d'être là, aujourd'hui ?
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- La même chose que d'habitude. Essayez de parler de ce qui se passe ici, entre nous.
- C'est frustrant ! Encore cent cinquante dollars d'envolés et je ne me sens pas mieux.
- J'ai donc à nouveau échoué aujourd'hui. Je vous ai pris votre argent sans vous aider. Dites-moi un peu, Myrna ; voyons si, en revenant sur cette heure que nous venons de passer, vous pourriez répondre à cette question : Qu'aurais-je pu faire aujourd'hui ?
- Comment le saurai-je ? C'est pour ça qu'on vous paye, non ? Et de jolies sommes !
- Je sais que vous ne le savez pas, Myrna, mais je veux que vous plongiez dans votre imagination. En quoi aurais-je pu vous aider aujourd'hui ?
- Vous auriez pu me présenter à un de vos patients riche et célibataire.
- Est-ce qu'il y a marqué "Agence matrimoniale" sur mon T-shirt ? »
C'est par ce dialogue que commence Double exposition, l'un des six contes de psychothérapie du livre d'Irvin Yalom publié cet été chez Galaade Editions : La malédiction du chat hongrois.
Après un acte manqué du docteur Yalom, alias Ernest Lash, Myrna le mettra à la torture. Elle lui fera vivre « son pire cauchemar de thérapeute », le poussera aux limites de sa pratique en jouant avec son contre-transfert, en allant pleinement dans l'ici et maintenant…
Il arrive à l'heure d'habitude et aujourd'hui, il sonne avec dix minutes de retard. J'ouvre la porte et je vois qu'il a couru. Il a le souffle court. Sa chemise blanche est froissée sous son costume bleu marine impeccable.
Son bureau est à quelques stations de métro et il préfère venir à pied. Il m'annonce : « Je crois que j'ai battu mon record aujourd'hui ! ».
Il m'explique qu'il n'a pas réussi à maîtriser sa réunion, juste avant…
Je l'entends sans vraiment écouter et l'invite à prendre le temps d'arriver. Des gouttes de sueur perlent sur son front jusqu'aux sourcils. Il tente de s'essuyer avec ses doigts, ses mains. Je lui tends la boite de kleenex. Il retire sa veste, se pose enfin. Regards. Long silence après l'agitation.
Charles est directeur du contrôle de gestion dans une entreprise leader dans les télécoms. Régulièrement sollicité par des chasseurs de tête, il change d'entreprise tous les deux ou trois ans. Il pratique aussi des sports de l'extrême. Comme s'il courrait après lui-même ?
Mais aujourd'hui, devant une nouvelle offre séduisante, il hésite : « Pourquoi partir encore ? Pourquoi cette boulimie du changement ? »
C'est sa demande pour ce coaching. Comment l'accompagner dans ce questionnement ? Est-ce vraiment le champ du coaching ?