Il y avait un mouton tout seul au milieu du champ. Une brebis égarée comme on dit. Et la nuit était en train de tomber. Snow, ton loulou de Poméranie, a voulu faire comme les chiens du berger. Aboyer, courir après la bête pour la ramener je ne sais où. Mais tout s'est retourné, la brebis a chargé ton chien et puis elle a pris le sentier creux vers la forêt. Au petit trot.
La nuit était déjà dans le bois et j'étais un peu inquiet pour l'animal. Je préviendrai le berger tout à l'heure, je me suis dit, et puis j'ai continué sur le chemin entre les champs. Snow a voulu jouer à la bagarre avec moi. Pour se défouler peut-être après son histoire avec la brebis. J'ai cherché, j'ai trouvé un bâton bien fait pour ça. Attaque ! je lui ai dit comme si j'étais dresseur de loulous. Elle s'est bien accroché à la branche que je tenais, grognant comme jamais, ne lâchant rien, même suspendue en l'air.
Je descendais la rue Fontaine et il y avait une femme sur le trottoir avec une grosse paire de ciseaux. Là, j'aurais dû avoir peur. Surtout dans ce coin-là de la rue qui est plutôt louche avec des vendeurs de shit sous les porches. Mais non, au contraire. Parce que cette femme-là essayait de se cacher. Alors j'ai ralenti le pas et je l'ai regardée par en-dessous. C'est là que j'ai vu qu'elle avait aussi un gros rouleau de scotch dans l'autre main. Du scotch noir. Elle était juste devant une SMART. De couleur noir aussi. Et soudain elle s'est baissée.
Il y avait une femme dans la salle d'attente. Elle était en jupe. Et moi je lui carressais les fesses. Je ne sais plus si elle portait une culotte...
Vous, je ne sais pas si vous rêvez ? Et ce que vous faites de vos rêves alors ? Si vous pouvez en parler parfois, je veux dire. Oui, pour les déchiffrer vos rêves, pour savoir de quoi il en retourne au fond.
Et moi, là, quand j'ai commencé à raconter à la femme au divan mon rêve dans la salle d'attente, contrairement à mon habitude, je n'ai pas attendu la fin pour qu'elle me demande : « Qu'est-ce que ça vous évoque ? » ou bien « Qu'est ce que ça vous a fait ce rêve-là ? ».
Là, tu viens encore d'avoir un trouble psychogène de la vision. Oui, comme un lapsus mais avec les yeux. Parce qu'il n'y avait plus rien dans le frigo, t'allais partir en vacances, alors t'as voulu couper le compteur, la wi-fi, le ballon d'eau chaude et tout le reste d'un coup. Et tu sais pas trop pourquoi mais t'as regardé un instant le tableau des fusibles avec tous les pictogrammes et des étiquettes et t'as vu écrit « LOVE-LINGE ». C'était pour le fusible de la machine à laver. Lave-linge ou love machine, tu mélanges tout, l'anglais et ta langue maternelle, c'est toi qui disjonctes, tu t'es dit.
T'as essayé de voir autre chose mais impossible. Alors t'as fermé la porte, t'es parti en vacances et puis, sur le chemin, tu t'es laissé aller aux associations libres. Comme pour un rêve ou un acte manqué quand tu veux en retrouver le sens caché.
Ce n'est pas un hasard si vous êtes coach ou thérapeute, consultant ou formateur. Ni une vocation au fond. Oui, ça vient de bien loin votre désir de développer ou d'aider les autres, de les conseiller ou les former.
Comme une raison d'être et puis une place singulière. Acquise ou assignée. Et c'est cette place-là que d'emblée vous prenez face aux autres aujourd'hui.
Sauf que les autres, malgré les apparences et votre cadre, ils ne veulent pas forcément ou pas toujours tout ce que vous voulez leur donner. Non, ils préfèrent jouer leur partie de leur côté. Mine de rien ou à fond.
Et c'est ça, ce sont ces quiproquos, ces décalages en coulisses qui créent bien des accros et des angles morts au cœur de votre métier.
Certains parlent ici de « processus parallèle » mais ce n'est pas parallèle, ça s'emberlificote toujours. D'autres voient là des « reflets » mais ça ne se voit pas – pas sur le coup en tous cas –, parce que c'est inconscient et donc ça prend des voies détournées et équivoques.
Pour nous, Eva et moi, c'est le jeu des transferts et des contre-transferts. Et tout ça peut être aussi une source d'inatendus et d'ouverture qu'il est vraiment bon d'apprendre à reconnaître.
À un moment, il a parlé d'indiens qui font tout à l'envers, qui mettent le haut en bas, les choses sens dessus dessous. Les "Heyokas" il a dit et puis il a donné des exemples : ils scrutent l'horizon en tournant le dos et en regardant le sol ; s'il y a une porte ils passent par la fenêtre ; ils se lavent avec de la terre et se sèchent avec de l'eau, etc.
Tiens, l'inconscient marche aussi comme ça, j'ai pensé. Et lui voulait peut-être faire des choses à l'envers, ici ou ailleurs.
Adolescent déjà, je ne savais pas trop pourquoi, mais je m'intéressais beaucoup à la folie. Oui, j'ai retrouvé dans mon cartable de l'époque un livre sur cette question-là : La folie, de Sophocle à l'antipsychiatrie - Pierre Jacerme - Bordas - 1975.
J'étais en seconde et je me souviens qu'on avait des "devoirs libres" – c'est fou cette expression-là, c'est un peu comme le divan, je trouve – et donc j'avais choisi ce thème de la folie pour un exposé. C'était en cours de français, j'étais amoureux de ma prof, un peu fou d'elle au fond. J'aimais lire aussi "L'amour fou" d'André Breton, mais je n'ai pas retrouvé ce livre-là.
Bref. L'autre jour, quand j'ai découvert que les enseignants de Paris 7 lancaient un MOOC sur "L'histoire de la folie", j'ai craqué, je me suis inscrit. Pourtant, jusqu'alors je regardais ça de très loin les MOOC, plutôt rétif, plutôt sceptique.
L'inconscient est un ami qui te veut du bien… mais pas que ! Et c'est sur ce fil-là de l'inconscient, de nos dilemmes intimes, de nos faux-pas – là où t'es pas maître en ta demeure –, que j'aime créer une série d'ateliers. Ça s'appelle « PSY EN ACTES » et c'est le jeudi matin, après vos rêves de la nuit donc et juste avant le boulot. En petit groupe.
Le prochain atelier c'est le 8 novembre, sur les ressorts cachés de nos désirs et de nos sabotages. Une clinique de nos défaillances en quelques sorte. Mais pas pour chasser les erreurs ni les réparer – de toute façon, ça revient toujours –, non, juste pour s'initier. Et c'est déjà beaucoup. Regardez par exemple toutes les mauvaises raisons que vous trouverez pour ne pas venir.
C'était le vendredi juste avant l'été, le dernier cours du master coaching à Paris 2. Une étudiante était venue avec son chien ce soir-là et j'avais écrit quelques lignes après la séance. Des lignes que je retrouve là, dans mes oubliettes, avec mon nouveau syllabus préparé cet été : Les formations de l'inconscient pour les coachs. Et parce que les cours reprennent ce vendredi. Ils sont trente-trois étudiants cette année et je les ferai travailler en petits groupes constitués. Oui, comme ça, du début à la fin. Avec ou sans chiens. Sur les chemins de l'inconscient.
L'année dernière le roman d'Amélie, Frappe-toi le cœur, parlait du mal de mère, enfin de l'une des formes particulières de ce mal : la jalousie. La jalousie entre mère et fille, et puis au fil du temps, au fil de la vie, la jalousie entre femmes, sœurs, amies, profs…
Et moi, je me demandais où étaient les hommes dans tout ça ? En particulier le père parce qu'il apporte du tiers, de l'étranger, du jeu dans le duo mère-enfant. Mais, là, les hommes semblaient rayés de la carte. Ou bien ils comptaient les points et regardaient le plafond. Tout à côté des mères. Et donc, cette année, c'est un peu sur ce fil-là le nouveau millésime d'Amélie : Les prénoms épicènes.
Oui, c'est sur la haine des hommes. Dans un sens et dans l'autre, la haine entre père et fille, et entre hommes et femmes derrière la romance. Et c'est comme un thriller psychologique toujours.
« Alors ces rêves-là sont ratés. » C'est la femme au divan, enfin ma psy, qui m'a dit ça l'autre jour. C'était au retour des vacances. Mais je n'ai pas aimé parce que je n'aime pas trop rater les choses. Même si je sais bien qu'on ne contrôle rien avec l'inconscient. Surtout la nuit. Ma psy me disait ça parce que je débarquais sur son divan comme pour déposer une plainte. Oui, mes rêves me réveillent. Brutalement toujours. C'est d'ailleurs pour ça que je m'en souviens. Mais je ne vois pas comment faire autrement. Alors, après ça, j'ai du mal à me rendormir.
Sur Instagram elle s'appelle « bohaime » et comme Ava, l'héroïne de Casse-Gueule, c'est une très jolie jeune femme. Un peu comme une princesse russe. Mais sans chichis.
Enfin, Ava était très jolie juste avant de se faire casser la gueule. C'était à l'heure bleue par un inconnu avec un poing américain et dans la cour pavée d'un immeuble parisien, là où elle fait du Yoga. Mais c'est alors comme une libération pour elle. Et elle ne va pas en rester là.
Si vous dirigez une équipe ou animez des formations en groupe, si vous pilotez des projets ou des changements complexes, vous sentez bien que c'est parfois imprévisible et même erratique. Et qu'il y a des dynamiques qui semblent créatives et qui soudain s'enrayent ou tournent court.
Oui, parce que les élans de chacun s'entremêlent toujours mais convergent rarement au fond. Et puis les ressorts intimes sont tellement singuliers, antagonistes aussi et changeant.