S'il y a bien une chose qui est au centre de mon monde – oui, de mon histoire, de mon métier – c'est toujours la question des limites. Pourquoi les franchir ? Comment les transgresser, un peu, beaucoup, pas du tout ?
Ça vient de loin tout ça et j'en avais fait aussi une marque de fabrique pour la supervision des coachs : Désirs et tabous en peuple coach. Le tendre et le sensuel. Le coach entre toute-puissance et vulnérabilité... Et donc, quand Laurette COT m'a invité à partager sur ces questions-là, je n'ai pas trop hésité. Parce qu'elle accompagne « le long de la crête » – c'est sa marque à elle – et moi ça m'évoque un travail aux frontières ou dans l'entre-deux, une « zone franche », dit-elle. Du changement, de la transformation.
En ce moment, je ne sais pas trop pourquoi, tous les trucs « sans contact » ça m'intrigue beaucoup. C'est à la fois les dispositifs pour faire ça mais aussi ce nom-là. Sans contact !
L'autre soir par exemple, juste devant moi, il y avait une femme à la caisse chez Nicolas. Et elle a sorti son mobile pour payer sa bouteille de vin. D'ailleurs c'était peut-être du champagne, j'ai pas bien vu. Moi, j'avais choisi un demi Château Haut-Rian. Et donc, quand la femme est partie, je n'ai pas pu m'empêcher de demander à Nicolas – enfin au marchand de vin – comment elle pouvait faire un truc pareil. Oui, avec le terminal de paiement et son mobile par dessus. Il y avait même pas de ticket, je crois, tellement c'est allé vite.
Nous aimons poursuivre en 2020, Eva et moi, le travail d’analyse de pratiques professionnelles en petit groupe, que nous animons en duo et que nous avons initié il y a maintenant 8 ans. Cette forme de travail en groupe restreint (4 à 6 participants engagés) continue de traverser les modèles et les modes. Oui, parce que cela permet à chacun – coach, consultant, formateur, RH – de vivre et de saisir par l’expérience, au fil des séances, ce que chacun de nous s'efforce de réprimer ou bloquer et qui alors nous déborde ou même nous échappe en situation professionnelle.
Qu'est-ce que c'est bien ! Oui, c'est vraiment un bonheur le nouveau roman de Julia Deck : « Propriété privée ». Je voulais écrire une note de blog parce que si vous passez par là ce serait vraiment dommage de passer à côté. C'est une perle noire. Mais le temps passe et j'ai d'autres chats à fouetter comme on dit. D'ailleurs ça commence avec un chat, un gros rouquin, et avec le risque que ça finisse très mal pour lui.
Alors juste quelques lignes, ici, des extraits et puis une vidéo.
Lorsque vous animez en groupe ou en équipe, dans un projet de changement, un cycle de formation ou des sessions d'analyse de pratiques, forcément, vous vous heurtez à des « résistances ». Oui, des oppositions diffuses ou virulentes qui visent des détails ou les règles du jeu, votre cadre de travail ou même la finalité du projet. Et parfois ça peut prendre aussi l'apparence du consensus.
Forcément, parce que chacun dans le groupe s'accroche à vous à sa manière avec des jeux d'alliance complexes. Vous avez appris à contourner ou dépasser ces dynamiques qui semblent « négatives » mais qui sont des défenses naturelles : analyse systémique, approche paradoxale, processus d'engagement...
Pour commencer les vacances, j'avais très envie d'un polar. Oui, parce que mon métier c'est un peu comme dans les romans policiers. Il y a toujours du sexe, du sang, du désir, de la censure et une intrigue bien tordue avec tout ça. Et donc, un patient travail d'enquête. Mais une enquête à deux.
Alors j'ai musardé du côté des Éditions de Minuit parce que c'est là que j'aime me fournir. C'est ici par exemple que j'avais découvert Julia Deck et son premier roman, Viviane Élisabeth Fauville, une femme qui avait peut-être tué son psy. Et puis aussi Tanguy Viel, avec Article 353 du code pénal ; un long travail d'enquête aussi, une enquête sur soi, en présence d'un autre plus ou moins silencieux. Comme sur le divan.
J'étais en train de me laver les cheveux dans la cave avec un shampoing comme de la terre glaise. C'était poisseux, ça collait et je me mettais en colère.
Et c'est souvent comme ça le mardi matin, je fais un rêve qui me réveille et qui est une énigme toute la journée. Comme si je préparais la séance du soir sur le divan. Au tout début ça m'agaçait, j'imaginais que ma psy m'avait installé un programme qui me forçait à lui ramener des rêves. Alors j'essayais de ne pas rêver ou d'oublier mes rêves mais ça ne marchait pas. Et quand je m'allongeais je disais « aujourd'hui, j'ai un rêve » et puis j'attendais plus ou moins la fin de la séance pour le raconter. Ce n'était pas forcément pour créer du suspens mais parce que j'avais plein de turpitudes à ressasser. Un jour ma psy m'a demandé : « Pourquoi vous faites ça ? ». J'ai fini par voir que c'était une forme de marchandage et une histoire d'enfance : la peur d'être sous influence et dressé comme à neuf mois pour « être propre ». Avec ici, de la matière fraîche en direct de l'inconscient.
L'autre jour, c'était la dernière séance du master Coaching à Paris 2 et j'ai proposé plein d'ateliers ouverts, un peu comme des "stands" à l'école quand c'est la fin de l'année. L'un de ces stands c'était sur le tutorat, parce que pendant l'année chaque étudiant avait un tuteur. Et donc j'ai proposé à ceux qui voulaient ça de regarder comment dans cette relation-là ils ont peut-être fait "le bébé thérapeute" ou "guérisseur". Oui, l'hypothèse est que celui qui est accompagné prend en charge celui qui l'accompagne. Tout ça inconsciemment bien sûr et un peu comme le nourrisson qui peut réveiller les sentiments maternels face à sa mère incompétente ou dépressive et ainsi "créer sa mère". Et puis parce que je vois souvent des coachs qui se croient "guérisseur" sans trop savoir d'où ça vient.
Il y avait d'autres stands : l'un sur l'évaluation parce que c'est l'époque pour ça et de plus en plus ; un autre sur le passage à l'acte (mais personne n'a voulu remettre ça peut-être à cause des histoires du mois d'avant) ; et puis un atelier sur le mémoire professionnel que chacun va écrire cet été et qui est aussi comme une énigme très intime.
Je partage ici le déroulé de cette séance et aussi un lien vers un article sur comment les petits enfants répondent aux désirs inconscients de leur mère.
La petite poule noire recommence à couver mais pas seulement sur le mode de la « gestation pour autrui » comme au printemps. Non, elle a aussi ses œufs bien à elle cette fois. Trois petits de la couleur de l'ivoire. Et quatre gros de la rousse.
J'ai pris mon petit-déjeuner au bord de la mare. Une fois, tu as vu la carpe Koï sauter hors de l'eau, tu m'as dit. Oui, très haut par dessus les nénuphars et dans le soleil. Alors j'ai attendu.
Ce matin-là j'avais mis le réveil, alors forcément à un moment ça a sonné. J'ai aimé t'enlacer, te sentir dans tes courbes, te caresser dans les creux. Tout ça sans trop te réveiller et puis je n'ai pas pu m'empêcher de te mordre. Je fais bien la différence, à présent, entre le courant tendre et le courant sensuel, mais je sens que ça se mélange aussi avec une forme d'agressivité ou de violence sourde, originaire. Et, quoiqu'on en dise, tout le monde a ça au fond.
Bref, je suis sorti du lit mais tu as voulu me retenir encore un instant.
« Développer son charisme », « Croire en son potentiel », « Mater son agressivité »… le coaching est un haut-lieu de « passage à l'acte ». Oui, un mode opératoire spécial pour ça, pour le symptôme, pour la répétition. Institué, ritualisé, assisté par un coach.
Le passage à l'acte c'est un « circuit court », inconscient, entre la pulsion et un objet donné à haute tension. Sans vraiment d'élaboration alors.
Ce n'est pas forcément un souci si le coach sait à peu près de quoi il en retourne : les jeux de transfert, ses pulsions face à tout ça, ses modes familiers d'excitation et de jouissance...
Tout ça c'était le thème de la supervision à Paris 2, pour le master Coaching, le mois dernier. Je partage ici le fil d'Ariane de cette séance. Tout s'est passé comme prévu jusqu'à la pause : travail en petits groupes et en associations libres sur des questions qui titillent ou taraudent chacun, plus ou moins. Oui, jusqu'à la pause parce que, à ce moment-là, il y a eu un attentat à Lyon et ça m'a pas mal dérouté sur le coup. Ou bien j'ai pris ça comme un prétexte pour moi-même passer à l'acte aussi. C'est là que j'ai commencé à parler d'un, deux, trois cas cliniques qui me taraudaient. Et puis, de fil en aiguille, il y a eu une comme une inversion des rôles alors, comme si je demandais au groupe quelque chose mine de rien. Et c'est sur le divan, dans l'après-coup comme toujours encore, que j'ai commencé à voir tout le pourquoi et le dessous de ces choses-là.
Prochaine et dernière séance demain soir.
Ce jour-là, toi et moi, on se croisait dans le jardin plus ou moins au hasard. Toi, avec dans les mains des branches de rosier coupées au sécateur ou bien des touffes d'orties arrachées ici et là. Avec des gants alors. Et moi, avec la tronçonneuse, le merlin ou la brouette. À un moment, tu t'es posée pour un goûter : un café au lait et une madeleine espagnole.
Le prochain cycle Happy Days – les trois journées d'Analyse de Pratiques en groupe apprenant –, ce sera sur les différentes situations « impossibles » ou « à haute tension » que vous apportez. Un groupe avancé donc et à l'écart du prêt-à-penser.
Et pour analyser ces situations-là, Eva et moi on vous prépare un fil rouge sur mesure. Oui, une question essentielle au fil des jours.