La métaphore du deuil est souvent au cœur des démarches de changement et de coaching ; pour guider son client, l'expert utilise ici le modèle d'Elisabeth Kübler-Ross, cette psychologue américaine qui accompagnait les personnes dans les derniers instants de leur vie.
Guider un client dans le changement avec cette métaphore, c'est parcourir avec lui un "chemin de croix" douloureux, du déni et de l'abattement vers l'acceptation.
J'ai raconté ici comment naissent alors les histoires qui tuent l'envie de changer… Et j'ai partagé ailleurs comment ce modèle nourrit l'illusion de "maîtriser" une dynamique pourtant 100% naturelle, vivante et qui ne se laisse pas faire !
Avant la mort, il y a la vie... Et il y a une autre énergie dans l'art de changer : l'en-vie, le désir, le plaisir...
Quand un client est au contact de son désir, son entourage est chahuté, son coach est déboussolé...
Car il n'y a pas de mode d'emploi du désir ! Il "suffit" de le vivre pleinement, en conscience, le cultiver à sa source... Et si le coach se laisse bousculer, toucher, il plonge alors dans des instants de grâce...
Voici l'histoire d'Amélie, jeune femme pétillante qui voudrait devenir manager…
Ecrire une proposition de coaching pour un nouveau client, c'est écrire une histoire ! Les prémices d'une nouvelle histoire…
C'est susciter un autre regard, deviner les pistes qui s'ouvrent, éclairer ce qui est déjà en devenir…
Car les dirigeants se racontent des histoires ! Des histoires qui les mènent "au bord du gouffre", comme nous parfois ! (Lire L'entreprise sur le divan - Répéter ou se libérer).
Alors, quand un nouveau client me sollicite pour sortir de l'impasse, avec son codir ou ses équipes, nous détricotons d'abord le fil de son "histoire dominante", de son scénario préféré pour changer…
Je partage ici, avec vous, le début d'une proposition pour un groupe de presse confronté aux transformations de son marché : Que faire quand le premier pas dans le changement provoque rejet et résistance ?!
C'est aussi le début d'une autre histoire possible où la "menace du changement" laisse place au "désir" de pionniers… où le "manager-journaliste" est un métier singulier… où le besoin d'indépendance est aussi une source pour découvrir les habiletés de chacun… où travailler entre pairs peut tisser de nouveaux liens…
Et ce sera peut-être une nouvelle avancée dans l'univers du coaching tribal, coaching en groupe de pairs ;-)
« Amédée avait toujours été un enfant très gentil. Un peu trop obéissant peut-être, soucieux d'être comme il faut, jamais en retard, cahiers propres, chemise boutonnée. Curieusement, ce conformisme l'a désocialisé. Il n'aimait pas sa mère et ne pouvait s'en dégager. Son adolescence est devenue douloureuse d'ennui car il était soumis à cette femme qui s'occupait de tout avec tant de compétence qu'elle effaçait, sans le vouloir, son fils et son mari. Jusqu'au jour où Amédée, pour se sentir plus fort, a décidé de l'affaiblir. […] »
C'est un extrait d'un livre de Boris Cyrulnik : Parler d'amour au bord du gouffre (Odile Jacob, 2004).
Passionné par l'énigme de la "répétition" qui nous conduit à rejouer des scénarios de vie pourtant douloureux (des clients, des amis, moi aussi parfois !), j'ai découvert ce livre qui montre comment la "répétition n'est pas une obligation !"
Dans ce livre étonnant et sensible, Cyrulnik développe ses travaux sur la résilience, analysée ici comme "le refus de se soumettre aux discours des contextes familiaux, institutionnels ou culturels qui prophétisent le malheur".
Ainsi, l'adolescence et aussi la rencontre amoureuse représentent une "période sensible", un tournant propice pour modifier des représentations négatives de soi, remanier les apprentissages relationnels, transformer le style affectif...
Lire la suite du récit d'Amédée et son "travail de dégagement" pour créer une histoire alternative avec ses ressources, son entourage...