Ici, pour cultiver le dur et le laid, dès la plus tendre enfance, ils ont bétonné le square.
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Elle a tricoté son écharpe avec cette laine bouclée, brute et un peu rugueuse, dont sont faits les doudous parfois.
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Pour mieux revenir aux sources, pour m'alléger, ce sont maintenant les manuels pratiques et les dictionnaires, les guides techniques et les grands livres du coaching, dont j'aime me défaire un à un et à jamais. Mais, à la place, avant que l'aube ne paraisse, une inconnue continue de déposer des romans délicieux, là, dans la blanchisserie sur le chemin de l'atelier.
Les premiers mots, les premières lignes, des pages déjà cornées, me font aimer d'emblée le livre du moment.
J'ai entr'aperçu l'affiche, il y a quelques jours, sur la céramique du métro, au détour d'un couloir. Regard photographique alors pour retenir l'essentiel : Théâtre Le Lucernaire, du 2 février au 26 mars.
Cette pièce-là parle de l'histoire de deux amants mythiques : Héloïse et Abélard. Et le texte est tiré d'un roman de Christiane Singer : Une passion.
Désir irrésistible de voir cette pièce. Sans attendre !
C'était vendredi, à l'orée du soir, à l'orée du week end.
Elle se blottit au creux du sofa et elle retient son souffle. Elle attend. Sans un mot, sans un signe. Elle aimerait que je la devine, que je la comprenne. Cœur et âme.
Le toit de verre laisse entrer les flocons de neige et la pluie battante. Alors, à l'orée du jour, je suis allé dans l'atelier du brigand repenti, à deux rues de là. J'ai choisi sa plus grande échelle et j'ai gravi les cent marches qui mènent jusqu'ici.
J'aime savourer ce tout premier instant quand, à l'orée du jour, la maison dort encore et que je prends le temps de tourner, une à une, les premières pages d'un roman. En vélin, en velours.
Une page blanche d'abord. Comme pour oublier la quatrième de couverture. Puis, la page d'après, découvrir d'autres livres de l'auteur, chez Gallimard ou ailleurs : Le goût du malheur. La femme de proie. Nous ne savons pas aimer...
Encore une page pour rien, pour presque rien. Juste le titre en lettres capitales. Ce titre-là est paradoxal. La guerre amoureuse. Un oxymore.
L'amour devient une guerre, je crois, quand nous choisissons l'autre pour combler nos manques de jadis, pour guérir nos névroses.
Plus loin, une citation de Nietzche en écho à ces relations barbelées : L'amour dont la guerre est le moyen et dont la haine mortelle des sexes est la base.
Et enfin plonger dans les premières lignes :
J'allais vers un pays froid. Je m'y rendais seul et pas de gaieté de cœur. Avec même un sentiment de punition. Ce n'était pas tant de m'aventurer dans une contrée gelée qui me glaçait que l'impression déprimante de tourner résolument le dos à l'amour.
Les pieds au ciel, face contre face, j'ai bien pris soin de faire déranger les tables, ici et là, aux quatre coins de la salle. Nouvelle rencontre avec eux, entre chien et loup, dans ce doux désordre qui m'inspire. Sans plus attendre, je les invite à venir au cœur de la pièce. Et à former un premier cercle, puis un second. Deux cercles, l'un dans l'autre. Ça cafouille et ça chuchote. Chacun se retrouve maintenant face à face, à fleur de souffle. Silence d'un instant.
Il y a les "métiers impossibles" : ceux qui "gouvernent, enseignent ou guérissent" ; il y a aussi les "métiers de l'attente". La formule est de Marion GAMBIN, jeune photographe.
Elle s'attache ici à ces êtres qui, patiemment, en silence, assis ou debout, dans un musée, un couloir, un vestiaire, sont "condamnés" au paraître, isolés dans "une introspection forcée".
Des taches de rousseur posées çà et là sur ses joues, sur son nez. Déposées par un ange amoureux, de la pointe du doigt ou des lèvres. Et ici, dans sa chair, un sillon presque invisible. Le chemin des larmes.
- Aujourd'hui, j'ai envie de travailler avec vous sur ce quelque chose de rigide que je sens tout au fond de moi. Ça me limite mais c'est comme un désir irrésistible de tout contrôler à tout instant. Contrôler les autres et le temps, moi-même et le monde.
- Alors je vous invite à nous aventurer aux antipodes, à faire l'expérience de tout le contraire, ici. Juste un instant ou plus peut-être.
C'est ce thème au cœur de notre métier que j'ai aimé choisir quand Andrée ZERAH m'a proposé d'animer une nouvelle journée NLPNL. Une journée pour abandonner les techniques qui ne protègent de rien, pour écouter et laisser jouer nos résonances sensibles quand nous accompagnons.
Ce sera à l'orée du printemps, le 8 mars prochain.
Le manager minute. Pour en finir avec la femme. Le livre noir de la psychanalyse… Ce sont quelques uns des livres que j'aime déposer là, sur une chaise, dans cette laverie sur le chemin de l'atelier. Des livres oubliés dans mon grenier, offerts jadis par des confrères qui me voulaient du bien et que jamais je n'ai trouvé le goût de lire.
La merveille et l'obscur. Le goût des jardins. Donne-moi quelque chose qui ne meure pas… Ce sont des livres que, le jour d'après, je découvre là sur la même chaise. Il y a entre les pages parfois cornées un parfum inconnu et sensuel.
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Des inconnus m'adressent parfois, à travers les ondes, une question sensible et singulière. Et elle, hier, me parlait des labyrinthes dans lesquels depuis longtemps elle vagabonde ou s'égare.
Alors, pour lui répondre, j'ai aimé imaginer un instant ses jardins intérieurs, écouter la musique de mes résonances, donner libre à mon goût pour les impasses…