Denis Marquet est tout à la fois philosophe, thérapeute et écrivain. J'aime le rencontrer pour cheminer autrement sur les sentiers de l'incréé et de l'écriture. Il m'a invité à lire son dernier ouvrage qui est écrit comme un guide de sagesse. Rare, profond, « comme il est des mises en bouche, ce livre est une mise en désir ».
Un livre précieux en ces instants de recul, à l'écart du monde et du bruit.
Extraits...
Me mettre en scène dans cet amphi de la Salpetrière où Charcot et ses patientes exploraient les chemins de l'hystérie ; être supervisé en live lors d'une soirée d'été animée par Andrée Zerah ; me dévoiler chaque mois avec Stéphane et coacher en direct devant les caméras…
Autant d'occasions de nourrir cette part narcissique et gourmande qui a encore besoin du regard des autres. En conscience et dans le plaisir ! Pour créer aussi et pour aller là où d'autres n'osent pas toujours aller.
Regards croisés et dévoilements avec Stéphane, avant d'hiberner tout au fond de ma tanière.
Sur le chemin du retour, l'envie me vient de lui parler du parfum de soi. Note de cœur, unique, au creux de la peau. Les alchimistes désespèrent d'en découvrir le secret. Les tueurs en série aussi. Elle me confie que ce parfum-là a sur elle les effets d'un doudou. Présent à jamais. Infiniment.
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Elle dormait encore quand je l'ai appelée.
Oups ! Je me douche et j'arrive. Désolée ;-( m'a-t-elle écrit à travers les ondes l'instant d'après.
Et la voici déjà - elle habite à quelques pas d'ici - tout de noir vêtue. Gracieuse comme une danseuse étoile.
Et maintenant elle savoure, une par une, les chouquettes encore tièdes que j'ai aimé acheter ce matin. C'était une envie, soudaine et inédite, d'ajouter des gourmandises aux rencontres du jour. Elle me demande un autre café. Une grande tasse de ce café italien.
« Il n'y a pas de plus grande joie que de connaître quelqu'un qui voit le même monde que nous. C'est comme apprendre que l'on n'était pas fou. [...] Parler sans fin de ce qui se dérobe sans fin est une jouissance en regard de laquelle toutes les autres ne sont rien. Rencontrer quelqu'un, le rencontrer vraiment - et non simplement bavarder comme si personne ne devait mourir un jour -, est une chose infiniment rare. » Christian Bobin, La dame blanche, Folio, page 108
Lire un livre de Bobin c'est pour moi comme cette « chose infiniment rare ». Et ce livre-là est comme un livre d'images qui se lit doucement, infiniment doucement. Comme un enfant qui savoure le bonheur de savoir lire.
Elle vit l'entre-séance comme une absence. « Cruauté du silence » écrit-elle. Et, quand ses mots partent à travers les ondes, son iDoudou vibre au creux de sa main, casse un instant le silence.
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Parmi nos cinq sens, le goût est le plus intime. Et c'est au cœur de cette intimité qu'Ariane, diététicienne gourmande et créative, aime accompagner ses clients pour retrouver le plaisir et le goût de soi. Plaisir de savourer et invitation à la gourmandise, à rebours de la mode des régimes et des discours dominants.
Ariane s'était prêtée ici et là, avec gourmandise aussi, à l'expérience d'un coaching en vidéo et en stéréo. Et elle chemine ici encore et sans détours d'une question intimiste vers une autre.
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Être coach c'est tout à la fois prendre soin de l'autre et l'aider à aller dans le monde, écouter ses maux familiers et aussi l'accompagner vers l'inconnu et le nouveau.
C'est conjuguer l'énergie féminine et masculine, le dedans et le dehors, le vulnérable et la puissance. En l'autre et en soi.
Alors, plutôt "psy" ou plutôt "sportif", au féminin ou au masculin, tourné vers l'intime ou l'action, enveloppant ou confrontant, quelle est ma posture préférée avec chacun de ceux que j'accompagne ?
Pourquoi et comment nommer, en séance, ces élans en creux ou en plein ?
Comment je cultive et je mêle ces polarités en moi ?
Et quelle en est la source profonde ? Blessure ancienne et personnelle ? Ou nourritures affectives reçues en héritage ?
Si ces thèmes font écho à vos envies de rentrée, Anna PIOT et moi vous invitons à un nouvel atelier inédit et en duo, au féminin et au masculin. Ce sera le mardi 25 janvier 2011 après midi.
Il est en Yoga une respiration qui, dit-elle, « apaise des grandes soifs de la vie ». Sitali. Dans la position du lotus, il faut à chaque inspire, longue, profonde, aimer tirer la langue.
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Rencontrer l'autre, en prendre soin, avoir le souci de la relation « c'est pour moi beaucoup de boulot. Alors, j'en ai fait un boulot. » Un boulot à temps partiel seulement.
Alors, le coach après le coaching, ami idéal ou sauvage inaccessible ?
Attention, propos choquants et non censurés au montage. Âmes sensibles s'abstenir.
À l'encre noire : Incident de personne, Éric Pessan, Albin Michel, 2010.
Dans un TGV immobilisé en rase campagne à cause d'un suicide, un homme raconte sa vie à l'inconnue qui est assise tout à côté de lui.
Extrait : « depuis des années les gens me confient leurs histoires, massivement. Moi, je ne raconte rien. J'anime des ateliers d'écriture, voyez-vous, j'ai beau tenter d'aller vers la fiction, vers l'imagination, je moissonne des drames. Je travaille pourtant sur la forme, sur la contrainte qui permet que surgisse une phrase singulière. Je ne demande jamais aux participants de livrer des récits de vie. [...] Pourtant, donnez une feuille et un stylo à des gens, donnez du temps et un peu d'aplomb, encouragez-les, plaisantez un peu, détendez-les, racontez-leur qu'écrire n'est pas si difficile, redites-leur bien que l'on n'attend pas de la littérature d'eux mais des phrases qui leur ressemblent, et ils se mettront à vous exposer leurs fêlures, leurs drames. Des souffrances, des violences, des enfers j'en ai récolté de quoi encombrer mes rêves à tout jamais. »
Saison rousse. Un peintre poète se cache dans le feuillage des châtaigniers, des acacias et des chênes posés là depuis longtemps, le long de l'autoroute. Il y a dans l'air la douceur des lèvres d'une femme juste avant le premier baiser. Et soudain, devant moi, le camion pile et zigzague un instant.