« Développer son charisme », « Croire en son potentiel », « Mater son agressivité »… le coaching est un haut-lieu de « passage à l'acte ». Oui, un mode opératoire spécial pour ça, pour le symptôme, pour la répétition. Institué, ritualisé, assisté par un coach.
Le passage à l'acte c'est un « circuit court », inconscient, entre la pulsion et un objet donné à haute tension. Sans vraiment d'élaboration alors.
Ce n'est pas forcément un souci si le coach sait à peu près de quoi il en retourne : les jeux de transfert, ses pulsions face à tout ça, ses modes familiers d'excitation et de jouissance...
Tout ça c'était le thème de la supervision à Paris 2, pour le master Coaching, le mois dernier. Je partage ici le fil d'Ariane de cette séance. Tout s'est passé comme prévu jusqu'à la pause : travail en petits groupes et en associations libres sur des questions qui titillent ou taraudent chacun, plus ou moins. Oui, jusqu'à la pause parce que, à ce moment-là, il y a eu un attentat à Lyon et ça m'a pas mal dérouté sur le coup. Ou bien j'ai pris ça comme un prétexte pour moi-même passer à l'acte aussi. C'est là que j'ai commencé à parler d'un, deux, trois cas cliniques qui me taraudaient. Et puis, de fil en aiguille, il y a eu une comme une inversion des rôles alors, comme si je demandais au groupe quelque chose mine de rien. Et c'est sur le divan, dans l'après-coup comme toujours encore, que j'ai commencé à voir tout le pourquoi et le dessous de ces choses-là.
Prochaine et dernière séance demain soir.
Ce jour-là, toi et moi, on se croisait dans le jardin plus ou moins au hasard. Toi, avec dans les mains des branches de rosier coupées au sécateur ou bien des touffes d'orties arrachées ici et là. Avec des gants alors. Et moi, avec la tronçonneuse, le merlin ou la brouette. À un moment, tu t'es posée pour un goûter : un café au lait et une madeleine espagnole.
Le prochain cycle Happy Days – les trois journées d'Analyse de Pratiques en groupe apprenant –, ce sera sur les différentes situations « impossibles » ou « à haute tension » que vous apportez. Un groupe avancé donc et à l'écart du prêt-à-penser.
Et pour analyser ces situations-là, Eva et moi on vous prépare un fil rouge sur mesure. Oui, une question essentielle au fil des jours.
– Tu sais, quand t'arrêteras d'y aller en vélo chez ta psy, alors t'auras fini ton analyse.
Je ne sais pas pourquoi tu me dis ça soudain. Juste avant tu me parlais de tout autre chose, je ne sais plus trop et je reste songeur. Tu fais souvent des liens bizarres entre les choses, alors les gens imaginent que t'es un peu chaman mais, là, tu penses sans doute que c'est dangereux pour moi tout ça.
Pas forcément ma psy ni le divan mais le vélib. C'est vrai, c'est risqué. En plus, dans mes rêves, j'ai souvent des accidents de la route. Tout seul ou avec quelqu'un d'autre, en deux-roues ou en voiture. Ça me réveille soudain et je ne comprends pas quel peut être mon désir caché ici.
L'homme ne peut pas toujours aimer là où il désire. Et il ne peut désirer là où il aime…
Ces mots-là c'est une manière de dire la difficulté parfois de mélanger le tendre et le sensuel dans le couple. Oui, dès les premiers instants de la relation ou au fil du temps qui passe.
Parce que le courant tendre c'est le peau à peau des origines, le fouissement, toutes les caresses de l'enfance… c'est une forme d'érotisme mais sans l'excitation qui surgira plus tard avec le pubertaire.
Et le courant sensuel c'est la sexualité adulte, génitale, avec tout le côté fantasmatique, créatif, joyeux, inattendu et aussi sauvage. Dans la tête et le corps.
Happy Days ! C'est un cycle d'Analyse de Pratiques professionnelles animées en duo et à la campagne. Oui, trois journées en groupe apprenant, pour animer vos groupes plus au naturel.
L'analyse de pratiques réunit des professionnels qui font un métier avec une forte composante relationnelle (manager, coach, consultant…) et qui détiennent alors un savoir-faire issu de l'expérience : singulier, subjectif et toujours prêt à se déconstruire et se reconstruire au fil du temps et dans les situations critiques.
Il y avait une soirée jeudi dernier pour en finir avec le coaching. Cette idée d'en finir, c'est l'ouvrage collectif écrit par les 23 étudiants du master coaching à Paris II après leur année universitaire 2015-16 : Pour en finir avec le coaching ? Tel qu'on le pratique aujourd'hui. L'ouvrage est paru chez L'Harmattan en décembre et les auteurs organisaient une soirée de lancement chez l'éditeur.
Et il y avait une table ronde à laquelle j'étais invité, avec Thierry Chavel, le directeur du master. Moi, pour savoir à quoi m'attendre et ne pas trop dérailler, j'avais demandé les questions un peu avant.
Mes notes ici en partage.
Depuis quelques semaines, je casse la vaisselle. Oui, un verre à pied ou à mojito, la cloche à fromages, une tasse à thé… Visiblement, c'est parce que je fais plein de gestes maladroits. De plus en plus souvent. Surtout quand je fais la vaisselle. Bien sûr, il y a cette histoire de l'enfance, au petit matin, petit-déjeuner – lait au chocolat, pain beurré et encore des traces de rêve dans la tête sans doute. « Fais attention, tu vas renverser ton bol ! » me disait ma mère. Ça me stressait, c'était comme une prophétie auto-réalisante et donc, zouuu, patatras, la tasse toupillait et voleplanait jusqu'au sol. En mille morceaux. Mais c'est pas forcément ça, là. Non, c'est pas si simple.
– Tu as remarqué que c'est toujours des choses qui vont de pair ? me dit Eva.
C'est elle qui a acheté ces objets-là, des « coups de cœur » comme on dit, alors forcément elle s'agace et je peux comprendre. Ça me dépite moi aussi. Mais, non, je n'avais pas encore remarqué. Et, oui, c'est vrai, je brise ce qui va ensemble. Sauf la cloche à fromages, il n'y en avait pas deux comme ça. Alors j'essaie de racheter chaque pièce brisée, comme pour me racheter peut-être, mais c'est compliqué de retrouver l'origine des choses. Et donc tout devient dépareillé dans la cuisine.
– C'est parce que tu veux encore séparer ou casser le couple, ajoute Eva.
L'autre jour, l'atelier sur les rituels du coaching – casting, shopping, préliminaires… –, c'était vraiment bien, c'était en petit groupe et avec une question-clé : Être ou ne pas être choisi.e ?
Et c'est surtout la peur d'être rejeté qui d'emblée a surgi dans cet atelier-là.
Alors je continue sur ce fil du désir en peuple coach, et en conseil aussi, mais en allant du côté des antipodes. Oui, quand un autre – prescripteur potentiel, prospect ou ex-client –, vous choisit pour faire de vous « son objet » mine de rien.
Il jette son dévolu sur vous, vous invite à partager sans chichi, prendre un petit café, un petit-déjeuner ou un déjeuner d'affaire, etc. Au moment de payer, vous ne savez pas trop qui va prendre l'addition. Sans doute parce que vous y trouvez votre compte aussi. Plus ou moins. Et de rencontre en rencontre, tout ça peut devenir rituel. Sans plus de chichi ni de cadre donc.
Un des rituels du coaching d'entreprise, c'est la réunion tripartite. Au début du parcours, pour les objectifs, le contrat, et puis tout à la fin pour faire le bilan, donner du feedback, évaluer… Et c'est essentiel, je trouve, de questionner ce rituel-là : Quelle place je prends dans ces réunions-triangle ? À quelle place me fantasme le client ? Et pour quoi je donne du feedback ? Et si ce n'était que mes projections tout ça ? … ?
Quelques lignes ici sur la fin du coaching de Sylvia, la femme qui avait peur d'avoir le syndrome de Stockholm et puis le besoin d'un bébé.
J'étais dans un motel et il y avait un chat gris l'autre nuit, dans mon rêve. C'était un très gros chat. Il y avait aussi beaucoup d'autres choses, mais sans savoir encore pourquoi, c'est surtout ce chat-là, je me suis dit, dont il faudrait que je me souvienne, le soir, sur le divan.
C'était plutôt une chatte d'ailleurs. Oui, une femelle parce qu'avec son gros ventre je voyais bien qu'elle était enceinte. Donc je raconte ce morceau-là du rêve à ma psy et elle me demande à quoi ça m'a fait penser. Au chat gris à la campagne, je lui réponds, parce que j'y avais repensé dans la journée. Ce chat-là je l'appelle « Jackson le gris ». Pour Eva c'est plutôt « Gris Gris » mais moi, tous les greffiers étrangers, je les appelle Jackson et puis j'ajoute la couleur de leur pelage pour les différencier. Même Héros, qui est le chat persan d'Eva, je l'appelle « Jackson le roux ».
Bref. On avait fini par adopter ce chat gris, et lui aussi nous avait adopté. Il aimait passer la chatière, dans un sens comme dans l'autre, et dormir dans la cuisine. Mais il était mal en point ces derniers temps. Il pleurait beaucoup, du nez, des yeux. Et puis un jour de l'automne, et tous les jours d'après, je ne l'ai pas revu. Il est mort, il avait le coryza, m'a dit la femme d'à-côté, qui se dit « happycultrice » et qui s'en occupait aussi. C'était un mâle donc, pas une femelle comme dans mon rêve.
Oui, ça cache sans doute autre chose, dit ma psy. Surtout que vous avez dit « enceinte », elle ajoute, alors que c'est rare de dire ça d'un animal. Là, elle avance à pas de velours ma psy, on dirait. Elle a peut-être son idée.
Vous vous demandez peut-être ce qu'a fait Sylvia finalement après le « casting » ? Oui, la femme qui avait peur d'avoir le syndrome de Stockholm, enfin d'être amoureuse du boss qui la sadisait plus ou moins. Et bien, finalement, elle a décidé que je l'accompagne. Je ne sais pas trop pourquoi, c'était l'époque où je ne cherchais plus à décortiquer les jeux de transfert. À trop vouloir faire ça, je voyais bien que ces jeux-là se figeaient. Et donc on a commencé. Une, deux, trois séances. La question du harcèlement est restée présente un bon moment mais elle en cachait une autre, inattendue. Ou peut-être sous une autre forme. Plus intime...
Donc, vous avez vu, j'ouvre un cycle d'ateliers sur les us et coutumes du coaching : shopping, préliminaires, contrat, réunions tripartites… tous ces rituels institués, pratiqués comme des évidences, mais pas vraiment questionnés. Et à haute tension pourtant.
Ça commence le jeudi 21 février, à l'Atelier, et ce sera sur les questions au cœur du casting. Oui, ce moment où le client choisit « son » coach : qu'est-ce qui nous encombre et qui est agissant ici ? Quel cadre poser ? Comment être à l'écoute de son désir d'accompagner ? Mais pas à tout prix ? … ?
Et pour ça, j'ai un peu plongé dans mes souvenirs et j'ai retrouvé cette histoire-là, autour de la question du « syndrome de Stockholm ». Première rencontre donc, mais comme une séance pour moi.