03
AOU 18

Une forme de vie

Je venais de poser la misère et le yuca à l'ombre, tout au fond de la cour pavée, avec aussi le bonsaï et toutes les plantes de l'atelier pour traverser l'été. Et c'est là que soudain j'ai commencé à m'affoler. Oui, j'avais terminé "À l'aube", le dernier Djian – une sombre histoire de perversité ordinaire –, et donc je n'avais plus de roman pour le début des vacances. J'aurai pu me raisonner, m'autopsyer pour voir ce que cachait cette urgence-là ou simplement attendre d'arriver là-bas au bord de la mer – en plus, je sais bien que sur place il y a l'Ancre de Miséricorde – mais non, c'est comme une drogue dure ce truc. Alors j'ai foncé vers la grande librairie à quelques pas de l'atelier – sur deux étages quand même – et, sur le chemin, je me suis dit je vais prendre un roman d'Amélie Nothomb. Une valeur sûre comme ça.

"Une forme de vie". C'est ce roman-là que j'ai choisi. « Ces mots évoquent en principe l'existence élémentaire des amibes et des protozoaires. Pour la plupart des gens, il n'y a là qu’un grouillement un peu dégoûtant. » Mais, là, c'est autre chose : Melvin Mapple, un soldat américain posté en Irak, devient obèse, il écrit à Amélie qui répond à presque toutes les lettres parce qu'elle est épistolière depuis l'enfance. Et parce qu'elle aussi a eu un rapport très spécial à la nourriture. Et c'est ça qui m'a accroché, cette question du rapport à la nourriture, boulimique ou anorexique, ça cache autre chose toujours. Bref. Une correspondance s'engage. Et l'échange de lettres fonctionne comme une scissiparité : l'un envoie une infime particule d’existence, la lecture de l'autre la double, la réponse la multiplie, et ainsi de suite. Une forme de vie donc. Avec cette question de l'obésité. 

18
JUI 18

Les formations de l'inconscient pour les coachs

Ça faisait un bon moment que mon syllabus pour la supervision à Paris 2 était caduque. Oui, parce qu'au fil des années, il n'y avait pas que les tables que je retournais et mettais sur le côté dans ce master coaching : même traitement pour les outils du coach. Et, avec le divan, j'ai moi-même chamboulé tous mes repères - la systémique familiale et la gestalt-thérapie -, et voyagé sens dessus dessous. De plus en plus.

Alors aujourd'hui j'aime bien réécrire ce syllabus : focus sur les processus inconscients en coaching. Comme une formation sur les formations de l'inconscient. Pour les coachs, autant que possible.

 

04
JUI 18

C'est pas remboursé

Ça faisait longtemps que je n'avais pas passé d'examen. Pas des examens médicaux parce que, pour ça, je m'invente régulièrement des maladies imaginaires. Bref. Il y a quinze jours, il y avait l'examen à la fac pour le D.U Psychanalyse Freudienne. Et, après l'épreuve, je me suis fait mon cinéma : doute, rêves d'échec, peur d'avoir trop fait mon malin... Oui, parce que pendant l'examen j'avais pris un angle qui n'était pas banal. Et j'en parle sur ma chaîne Mammifère & Digital : C'est pas remboursé par la sécu.

28
JUN 18

Un livre pour l'été

« … Ce que nous nommons besoin dans la sphère entrepreneuriale se mue en désir sous la plume des auteurs. Désir à la fois inassouvissable et moteur de vie : sans désir pas de vie, et avec le désir de la souffrance. » C'est Jean-Louis Muller qui écrit ces lignes-là à propos de l'ouvrage que j'ai écrit avec Eva : "Érotiser l'entreprise".

C'est à la Cegos que j'ai rencontré Jean-Louis. Consultant en management, il animait les stages "millionnaire" (c'est-à-dire avec toujours, depuis les origines, plein de stagiaires). Mais c'est surtout dans un groupe animé par François Balta, médecin psychiatre et thérapeute familial, que je l'ai côtoyé de près. Ce n'était pas du tout millionnaire ce groupe-là, plutôt discret et intimiste. Et c'était de la supervision, donc pas du tout psychiatrique ni thérapeutique a priori, mais chaque consultant percevait au fil des séances combien son histoire personnelle, ses pulsions et tout ce qu'il voulait tenir à distance, s'emberlificotait au fond avec sa pratique et ses fantasmes professionnels (ses désirs de puissance, de maîtrise, de savoir…). Je me dis aujourd'hui que c'était un peu comme la « thérapie institutionnelle », avec Jean Oury. Oui, quand les soignants savent bien qu'ils sont tout aussi « dérangés » au fond que ceux qu'ils veulent soigner. Et c'est à partir de là que j'ai eu envie d'aller voir ailleurs, enfin plus du côté de chez moi.

J'ai aussi aimé continuer de voir Jean-Louis parce qu'on est devenu voisins, à la campagne, avec Eva. Et il a aimé lire notre livre paru au printemps et puis écrire à son tour quelques lignes.

14
JUN 18

Tendre et sensuel

« Pourquoi les hommes ont-ils parfois besoin d'aller voir ailleurs ? » C'était l'autre jour, le boss de la poissonnerie qui me demandait ça. Oui, parce que des fois, il lit ce que j'écris ici ou là, et là il doit préparer une conférence sur ce sujet pour son club de réflexion. Un club discret mais pas secret.
« Avec si possible un point de vue plutôt philosophique » il a ajouté.

Alors je lui ai écrit quelques lignes, mais c'est pas très philosophique.

05
JUN 18

La peur, un faux-ami de l'Eros

Les projets de transformation sont bien à la mode en ce moment. Oui, avec tout le digital ou l'entreprise agile, l'intelligence artificielle ou collective, etc. Et, avec ça, les experts et les consultants s'excitent beaucoup. Ça s'excite dans l'illusion de maîtrise, en tous sens et avec plein de modèles, de courbe en U ou du deuil...
Interview sur le fil de la peur, ici. Parce que la peur est l'un des « faux amis » de l'Eros, oui comme un excitant au fond. Bref. Une interview par Cécile Rayssiguier, que j'ai côtoyée à la CEGOS et qui anime aujourd'hui Merakin, un réseau de consultants. 

23
MAI 18

Sens dessus dessous

Depuis quelques semaines, Eva et moi on aime faire des vidéos sur YouTube. En duo et sur le vif.
Notre chaîne s'appelle "Sens dessus dessous" parce que c'est sur le fil de la vie quotidienne et c'est aussi le nom du cabinet de psychanalyse contemporaine qu'on ouvre à Sens. Sur la rue et à deux pas du marché.

Ce n'est pas évident de faire des vidéos à deux, je trouve, parce que ce n'est ni préparé ni sur le mode de l'interview.
Et les gens nous regardent beaucoup par derrière, enfin sur les réseaux sociaux, mais ils font toujours comme s'ils n'avaient rien vu.


Les deux vidéos du moment, là :

13
MAI 18

Le plan de Dieu

Bien rangés, deux par deux, on ne les regarde pas trop ces fromages-là quand ils sont bien frais. « Sein de nounou » ça s'appelle, parce qu'ils ont vraiment la forme d'un sein et un petit téton. Mais, là, je ne sais plus qui a commencé, toi et moi on a eu très envie de celui qui était au bout du comptoir, un peu à l'écart, dans la clayette de sapin là où Sarah et Damien les fromagers posent les « déclassés ». Un peu trop faits au goût des gens. 

08
MAI 18

La pleine ambivalence

Ce n'est pas banal une formation qui plonge dans les "formations de l'inconscient". Oui, dans nos conflits intérieurs, nos névroses, nos répétitions, nos rêves, nos actes manqués... Vraiment pas banal, surtout en coaching. Mais comment peut-il en être autrement ? C'est à Paris 2 pour le master coaching. Huit séances au fil de l'année universitaire, sur le fil de l'inconscient donc. Et vendredi dernier, j'ai aimé choisir l'ambivalence. A la découverte de la dualité pulsionnelle derrière le non-jugement, la non-violence ou les accords mexicains.

Quelques notes de cette séance-là, en vidéo et sur ma chaîne YouTube : "Digital & Mammifère".

03
MAI 18

La fille qui faisait des vidéos

On se balade sur le chemin des chèvres à cet instant où le soleil se couche et où les gens ont souvent des angoisses crépusculaires. Et puis tu me racontes que t'as regardé la vidéo d'une fille qui fait des vidéos sur LinkedIn. Elle est coach ou magicienne, clown ou marionnettiste, tu ne sais plus trop. D'habitude, tu passes ton chemin mais, là, sa vidéo t'a bien accrochée parce qu'elle commençait par parler d'un homme qui accoste une fille dans un bar.

– J'ai envie de coucher avec vous, disait le gars à la fille. 

19
AVR 18

Un peu comme dans un rêve

Des fois, je suis préoccupé. Alors, tout d'un coup, il paraît que je change de tête. Oui, je rumine, j'essaie de résoudre une énigme qui soudain prend beaucoup d'importance pour moi. Et toi, à ce moment-là, tu ne peux imaginer ce que je pense, et je vois bien que ça t'inquiète ou te déroute. Alors tu changes aussi de tête. C'est vrai que tu ne t'enfermes jamais dans ton monde. Non, tu me parles en continu de ce qui te préoccupe. Et aussi de ce que tu aimes.
Et, là, tu commences à t'énerver, tu me dis que c'est comme si j'avais des « personnalités multiples ». Des fois, tu poses un diagnostic psychopathologique sévère comme ça, mais il est très controversé ce trouble. 

17
AVR 18

Accompagner les transformations en entreprise

Il y a peu de formations pratiques pour le coaching d'organisation, les projets de transformation ou la conduite de démarches d'innovation. Mais il y a un groupe de développement et d'analyse de pratiques animé par deux analystes et dédié aux praticiens de différents métiers : directeurs de la transformation, de l'innovation, consultants, coaches, responsables RH. Et, si vous en êtes, c'est le moment du renouveau.

Eva et moi aimons à la fois intervenir en duo au cœur du changement des organisations et former, initier les acteurs à la complexité de la nature humaine et à ses ressources naturelles. Nous sommes chargés d'enseignement à l'université dans ces domaines et nous sommes heureux d'ouvrir un groupe dédié au développement et à la supervision de tout professionnel, interne à l'entreprise ou consultant, qui souhaite prendre l'envergure que l'entreprise requiert de nous, acteurs de l'humain à la fois singulier et socialement engagé.

12
AVR 18

Aux cow-boys et aux indiens

J'avais ma colonne vertébrale coupée en plein milieu. Je ne sais plus comment j'en étais arrivé là mais il me manquait cinq ou six vertèbres. J'étais allongé, allongé sur un divan, comme ici, et donc ça pouvait un peu tenir par les côtés, par ma cage thoracique. Mais je ne pense pas qu'on puisse vivre longtemps comme ça, sans moelle épinière.
Ça c'est un morceau du rêve que j'ai fait ce week-end et que j'avais besoin de raconter sur le divan. Le rêve continuait, parce que maintenant mes rêves sont en plusieurs épisodes, comme des feuilletons. J'avais donc prévenu ma psy et c'est peut-être pour ça qu'elle m'a coupé un instant, pour pointer un détail : « Cinq ou six », elle a dit, avec ou sans point d'interrogation. Difficile de savoir avec elle. De toutes façons, j'essaie de me défaire de ce qu'elle appelle mes « perceptions ». Oui, tout ce à quoi je m'accroche et qui est à l'extérieur de moi. Comme pour m'adapter à l'autre et m'éviter alors.