Dans notre métier, écrire s'apparente au patient travail de l'artisan dans son atelier de création. Avec le plaisir qui l'accompagne : revenir aux sources, questionner, mettre en récit l'expérience…
J'ai évoqué ici un projet d'écriture pour un ouvrage collectif avec un chapitre singulier sur l'art de changer en entreprise.
Singulier car ici les réorganisations, bouleversements ou transformations évoquent un champ de bataille plutôt qu'une partie de plaisir !
Alors, avant d'écrire sur l'énergie créatrice au cœur du changement, j'ai d'abord plongé dans le monde de thanatos.
Voici en partage quelques lignes et une histoire pour décricoter ce qui nous attache à l'univers des larmes et du deuil.
Le coach tombe parfois amoureux de ses théories, de ses techniques ou de ses outils.
Quel désir nous anime alors ?
Je ne sais plus comment nos chemins se sont croisés à travers la blogosphère.
Ses billets écrits à l'encre colorée m'interpellent toujours. Ses mots, ses questions sur le plaisir de vivre sont comme des clins d'œil philosophiques, me mettent au travail ensoleillent la vie !
Anna Piot est coach et aussi auteure et journaliste. Elle chemine avec liberté et légèreté, loin des sentiers battus, sans s'encombrer des codes et du jargon des coachs.
J'ai eu envie de rencontrer cette femme singulière qui nous invite à "écouter tomber la neige la nuit", à "sauter à pieds joints dans la gadoue" !
C'est aussi au jardin que j'apprends mon métier : un haut lieu où s'exprime le vivant sous ses formes, infiniment changeantes, créatives, poétiques, exubérantes, imprévisibles…
Un lieu où j'apprends que, malgré tout le soin apporté, certaines créations végètent ou meurent.
Voici un ex-futur article. Ce texte, commandé par un magazine économique pour un projet de chronique mensuelle "Conseils de coach", n'a finalement pas vécu. Après de nombreux allers-retours, puis le regard critique de mon coach littéraire et encore d'autres ajustements, j'ai proposé au journaliste de renoncer. Un article peut-être trop conseil, trop coach, un cocktail improbable. Une autre manière d'écrire que j'ai aimée expérimenter et que je partage ici.
J'ai partagé ici et là quelques mots sur Les essentiels de la systémique. Des mots clés pour initier une équipe de coachs en entreprise à cette théorie des systèmes vivants et du changement.
Une théorie vivante qui permet au coach d'utiliser tout ce qui est là, sous son nez, présent dans le champ, y compris lui-même !
Voici d'autres mots choisis dans ce patois.
C'est sur un air de piano,
quelques mots et des lignes à découvrir,
que j'ai le plaisir de vous adresser mes vœux pour cette nouvelle année :
Pour ces premiers jours de l'année, voici en partage quelques instants d'un débat autour de la neutralité, la bienveillance, le non-jugement du coach…
Et que se passe-t-il de l'autre côté du miroir ?
J'entends comme une fêlure dans sa voix. Un tremblement, dès ses premiers mots. Il me dit qu'il a demandé à son psy « d'arrêter l'introspection, les plongées dans son passé ». Et qu'il a entrepris un coaching pour « booster son action commerciale ».
Notre travail a commencé il y a six mois et je prends conscience que nous allons et venons entre ces deux champs : d'un côté son histoire personnelle, ses secrets douloureux ; et, de l'autre côté, son désir de se développer dans son métier de coach. Allées et venues entre passé et futur, blessures et projets, fragilité et désir d'indépendance. Se dessine ici un entre-deux indéfini, mouvant. Un espace grand ouvert qui l'expose à lui-même, qui m'expose aussi.
Il lâche soudain :
- Arrêter de vivre serait une solution.
La fêlure dans sa voix devient cassure. Mon estomac se noue. Je n'ai ni l'envie ni le savoir pour aller dans le monde de Tanatos. Il a demandé à son psy des anti-dépresseurs pour « éviter de passer à l'acte » et ajoute :
- J'aimerais que la solution s'impose d'elle-même, que la vie s'arrête. Là aussi, voyez-vous, je reste en position d'objet plutôt que sujet !
Il y a eu beaucoup d'étincelles entre nous, la première fois. Comme une attraction des contraires !
Elle évoquait des contes universels, filait des métaphores ; je parlais de mes sources théoriques, je citais Eluard, Tchouang Tseu…
Comme une dessinatrice de BD, elle croquait des situations complexes au paper board ; j'esquissais des schémas, des modèles avec des flèches, des carrés…
J'ai rencontré Florence lors d'un coaching en groupe de pairs. C'était il y a trois ans, dans une tribu de consultants indépendants.
Nous nous sommes confrontés, frottés à nos différences.
Et puis, j'ai eu envie de découvrir sa planète, ses « Pense-Bêtes » : des créations inédites pour retrouver le pouvoir du bon sens dans des situations bloquées.
Nous avons créé des cocktails, co-animé des ateliers pour des consultants, des équipes de direction…
Florence est devenue une amie. Et j'ai découvert le plaisir de moments d'échange « pour rien ».
J'ai beaucoup de plaisir à l'inviter ici, à l'occasion de la création de son blog.
« Auriez-vous un exemple de proposition de coaching individuel ? »
C'est la question d'un dirigeant qui a envie d'être accompagné en coaching et qui, en même temps, hésite.
Je réponds d'abord non car que je n'écris plus de proposition et je préfère clarifier en amont le désir de coaching, la demande explicite, cachée, prescrite et aussi la non-demande…
Mon interlocuteur insiste : « Et une proposition-type ? »
Alors je l'invite à rencontrer des confrères, d'autres « types » de coach : coach sportif / psy-coach, mentor / fan d'outils, homme / femme…
Nouveau début d'escalade. Je prends conscience que la question est à l'image de notre rencontre : « avoir du concret, des repères, s'appuyer sur des modèles… » alors que je l'invite plutôt à découvrir ses propres repères, développer son modèle personnel de leadership…
Je sors de ma rigidité qui cache ma difficulté de modéliser ma pratique aujourd'hui. Alors je me souviens d'une proposition écrite il y a longtemps ; une proposition pour un manager à la recherche de son modèle…
- Autour de Paris, vous avez Rambouillet, Fontainebleau, Compiègne...
- Rambouillet me rappellera ces longues marches avec mes enfants. Mais aussi avec leur père. Mon ex-époux ! C'est prendre le risque de replonger dans mon passé. De cultiver ma nostalgie. Alors que vous m'invitez à vivre au présent !
L'instant d'avant, Ema m'a parlé de son plaisir de marcher seule « dans le silence de la forêt, loin de Paris, mais c'était il y a longtemps ». Alors je l'ai invité à revivre cette expérience au présent, d'ici notre prochaine séance. Mais ma proposition tombe à plat !
- Ema, vous savez, vous aimez vivre avec votre passé. Vous avez quitté votre mari depuis plusieurs années et il est présent partout avec vous.
- Oui, alors Fontainebleau ou Compiègne ce sera pareil !
- Comment est-il présent ici aussi ?
- Non, il n'est pas vraiment là ! Philippe est juste une évocation, une image qui s'éloigne maintenant.
- Quelle est votre sensation quand vous évoquez son image qui s'éloigne ?
Long silence. Ema me regarde dans les yeux. C'est la première fois. J'ignore la couleur de ses yeux. Elle détourne son regard.